Voeux de Monseigneur Jean-Pierre Batut — Diocèse de Blois

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Voeux de Monseigneur Jean-Pierre Batut

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A l'évêché, mercredi 18 décembre 2019

"Dans Une journée d’Ivan Denissovitch, ce récit qui a fait connaître dans le monde entier Alexandre Soljenitsyne, on trouve l’anectote suivante. Un zek, c’est-à-dire un prisonnier politique condamné aux travaux forcés, voyant que le soleil est au zénith dans le froid hiver sibérien, dit à son garde-chiourme : « il est midi ». À quoi le garde-chiourme répond : « non, il n’est pas midi, il est treize heures ». « Pourquoi ? » demande le zek. Le garde-chiourme répond : « Parce que le gouvernement de l’Union soviétique a décidé un changement d’heure. Désormais le soleil n’est plus au zénith à midi, mais à treize heures. » Et le zek de se demander comment le gouvernement de l’Union soviétique en est arrivé à être assez puissant pour commander au soleil de se décaler d’une heure, et pour être obéi.

...

Vous vous doutez, chers amis, que le détour par cette petite parabole n’a pas pour but de prendre position sur l’opportunité ou non de modifier l’heure légale. Personnellement je préfèrerais conserver toute l’année l’heure d’été, pour avoir toute l’année l’illusion que le jour est plus long, car comme tout le monde j’aime me bercer d’illusions. Le problème est que la réalité finit toujours par nous rattraper, et que les lendemains d’illusions sont des lendemains amers. Illusion que de dire : « Il n’y a pas de changement climatique, et quand bien même il y en aurait un, l’humanité n’y est pour rien ; et quand bien même elle y serait pour quelque chose, elle a assez d’inventivité pour trouver, comme elle l’a toujours fait, des solutions qui lui permettront de remédier à ses propres inconséquences. » Illusion que de dire : « Il n’y a pas de différence sexuelle, et ce qui est inscrit dans nos corps ne nous donne aucune injonction, car ma volonté transcende mon corps : rien ne s’oppose par conséquent, à partir du moment où j’ai mis à distance le corps, à ce que deux femmes ou deux hommes aient ensemble un enfant ; et quand bien même la nature s’y opposerait, la technique y suppléerait ; et quand bien même la technique contredirait la morale, il suffirait de rebaptiser la morale "éthique" et le désir individuel "droit", et le tour serait joué. » Illusion que de dire : « Il n’y a pas de phénomène migratoire forcé, il n’y a que des gens qui font de mauvais choix en cherchant au péril de leur vie de meilleures conditions d’existence ; et quand bien même ils y seraient contraints, nous n’en sommes pas responsables ; et quand bien même nous en serions responsables, nous n’avons pas d’efforts à faire tant que les autres n’en font pas. » On pourrait allonger sans fin cette liste !  ..."

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