Saint Avit
Avit (selon l'usage local, ne pas prononcer le t final. Cela se justifie du fait que son nom s'écrivait Avy, et aussi Avé, Avoi) a donné son nom à ce village. Il y a vécu. A la différence du village voisin de Saint-Agil dans lequel Agil n'est jamais venu.
Avit est né en Auvergne, au commencement du VI° siècle. On ne sait rien de ses parents. Dommage !, car souvent les parents aident leurs enfants dans le discernement de leur vocation. Il semblerait cependant qu'il soit mis dès l'enfance au monastère de Menat (Puy de Dôme). Il y rencontre Calais qui l'accompagnera par la suite et qui est à l'origine de l'abbaye de Saint-Calais. Pour se perfectionner dans l'amour de Dieu, Avit et Calais décident de s'éloigner de leur monde. Les deux amis viennent à Micy, du côté d'Orléans, pour se mettre sous la direction de saint Mesmin. Ils restent quelques années dans le monastère fondé par celui-ci. Ce monastère est une pépinière d'anachorètes qui sont venus se retirer dans notre région, sorte de désert vert, et qui viendront fonder les premières paroisses autour de leur cellule, comme saint Almyre à Gréez sur Roc, saint Ulphace, saint Bomer, saint Lubin, saint Laumer, tous installés sur les confins du canton de Mondoubleau.
Peu de temps avant eux, désirant toujours davantage de solitude, Avit se retire près de Cléry, à quelques lieux de Micy. A la mort de saint Mesmin, les religieux de Micy, élisent pour abbé Avit. Celui-ci accepte par devoir, mais bientôt il trouve la charge abbatiale trop lourde. Une nuit en compagnie de Calais, il quitte le monastère et s'enfonce jusque dans les vastes solitudes du Perche, en suivant la voie romaine Orléans-Le Mans via Châteaudun. Il rencontre à deux kilomètres en amont de l'étang de Boisvinet (actuellement situé sur Saint-Avit-au-Perche et Le Plessis-Dorin) qui se trouve bordé par cette voie, une villa gallo romaine en ruine nommée Piciacus (Poissy, Picié ou Pissay). Avit s'y arrête avec Calais. Ils y construisent une celle auprès d'une fontaine. La réputation du bienheureux Avit parvient jusqu'aux oreilles du roi mérovingien Childebert qui a ses territoires de chasse tout près, à l'ouest de Sargé-sur- Braye. Celui-ci ordonne de bâtir à Piciacus, à ses frais, un monastère et son église. Et le lieu devint Saint-Avit-au-Perche. Eglise et monastère sont détruits par les Normands. Mais après la tourmente, ils sont reconstruits près de Châteaudun (à Saint-Denis-les-Ponts). Après nous avoir donné l'exemple de l'humilité par son refus des honneurs et d'une vie très pieuse en se retirant dans le désert (même s'il est vert) pour prier, saint Avit meurt vers 530. Il serait inhumé à Orléans. Il y a alors un grand conflit entre les fidèles d'Orléans et ceux de Châteaudun pour disposer des reliques du saint. Châteaudun reçut un bras, Orléans le reste du corps, Saint-Avit-au-Perche rien. Childebert fait bâtir un mausolée en 532 et le corps reçoit une grande vénération jusqu'au XVI° siècle ; mais les protestants le brûlent et jettent les cendres au vent.
Saint Avit qui possède deux statues en son église, prend place au portail sud de la cathédrale de Chartres, lorsque l'usage se répand de mettre à l'honneur aux portails des grandes églises des saints régionaux. D'après une légende populaire, comme il souffrait de la faim dans la forêt où il vivait en ermite, un chêne, dont les glands étaient peu comestibles, se métamorphosa en groseillier. Saint Avit est fêtée le 17 juin.
Au Moyen Âge, Saint-Avit-au-Perche est un prieuré de l'abbaye de Saint-Calais, fondée par le compagnon d'Avit. L'église d'aujourd'hui est du tout début du XII° siècle. Elle est formée d'une nef de cinq travées terminée par une abside en hémicycle. Elle est couverte de lambris. Plusieurs fenêtres primitives subsistent ; d'autres ont été remaniées (dont la première fenêtre, côté nord). Cela se remarque à la forme des claveaux d'encadrement. Une porte latérale murée au sud se voit de l'extérieur. Elle possède un énorme linteau en mitre. A l'intérieur elle est transformée en niche abritant ND de Lourdes. L'abside est flanquée de contreforts à ressauts. Ceux aux angles de la façade sont du XV° siècle. Le portail occidental en tiers point est une réfection du XV° siècle reprise à neuf à la fin du XX°. En 1853, l'abbé Le Chartier est curé de Saint-Avit. Il restaure l'église. Avant la Révolution, la paroisse est du diocèse de Chartres, archidiaconé de Dunois, doyenné du Perche. Elle n'intègre le diocèse de Blois (créé en 1697) qu'en 1791. L'abbé de Saint-Calais présentait à la cure qui au XVIII° siècle était d'un revenu de 500 livres (à titre de comparaison la cure du Plessis-Dorin était dite d'un revenu de 700 livres). A partir de 1893 la cure est desservie par le curé du Plessis.
Le retable est du XVII° siècle. Il comprend un tableau du Rosaire (confondu parfois avec celui de l'assomption de la Vierge, l'église étant dédiée à Notre-Dame). Les églises de Saint-Agil et de Sargé-sur-Braye possèdent également un tableau du Rosaire. Celui-là est entouré de grandes statues en plâtre du XIX°. Côté évangile, la Vierge à l'enfant ; côté épitre saint Avit en abbé comme patron secondaire. Accroché à son cou est un pectoral inhabituel qui représente deux pèlerins, serait-ce Calais et Avit ? Autour du nouvel autel Vatican II sont deux grandes et belles statues rustiques en bois : une vierge à l'enfant et saint Avit en habit de moine. On note également un buste reliquaire en bois de saint Nicolas. Un crucifix repeint de façon peut-être un peu forte, complète cette statuaire en bois. Une curiosité de l'église est son confessionnal intégré dans la chaire. Les fonts baptismaux du XVI° sont supportés par trois colonnettes cannelées (symbole de la la Trinité). Un très beau et original tableau orne le mur sud de la nef. Il représente sur la même toile saint Roch et saint Sébastien, des saints dits pesteux que l'on prie contre la peste et le choléra. C'est une œuvre exceptionnelle du peintre Parrocel, signée 1730. Ce même peintre aurait réalisé les trumeaux du salon du château de Montmirail. Ce tableau a été donné, fin XIX°, début XX°, par la famille Colonna, au château d'Arras. Un très beau chemin de croix constitué de grandes lithographies en quadrichromie est signé A. Pingot ; Paris Eugène Souy Editeur ; Paris Imp. Lemercier et Cie.
Suite à un diagnostic, en 2008, de J.P. Barthel, le clocher est déposé. Il s'avère qu'il était dans le passé recouvert de bardeaux (on dit aussi essentes ou encore ancelles) de châtaignier. La tour d'escalier du manoir d'Alleray, en Saint-Agil, est couverte de même. Il fut décidé de le restaurer à l'identique. La cloche sur le point d'être fêlée fut aussi reprise. Dénommée Françoise Gabrielle Jeanne, cette cloche avait été mise en place en 1808, le parrain était François Poulard du Boile, propriétaire de Boisvinet et ses étangs, et la marraine Françoise Gabrielle Jeanne Deshayes de Bonneval. Elle était la nièce de l'abbé J.B de Rotrou, curé de Saint-Avit de 1805 à 1824. Au début du XIX°, Jean-Baptiste Deshayes de Bonneval est l'époux de Jeanne Louise Guérin de Villiers, propriétaire du manoir de Rocheux, en Mondoubleau. Le coût total de l'opération (clocher et cloche) s'est monté à 200 000 €. L'inauguration du clocher neuf redéposé au fait de la charpente a lieu en 2012, un 8 septembre, cela tombait bien, c'était le jour de la nativité de la Vierge, patronne de l'église. Sont présentes les autorités religieuses et civiles. Le Père Abel Ndolette, curé de Droué, bénit les travaux. Des bardeaux du clocher ont été signés individuellement par les habitants de Saint-Avit et les autorités. Le 15 août, jour de l'Assomption de la Vierge, la paroisse de Saint-Avit fête sa patronne.
Bernard Malcor Mai 2016