Méditation sur Assise
Pensées après une retraite.
D’Assise, on ne revient pas comme on y était parti. Jour après jour, en ce lieu admirable, la certitude émerge que le destin du Poverello est fait pour rencontrer le nôtre, et en quelque manière pour s’imprimer en nous. C’est peut-être simplement le sceau de l’Évangile.
Pour François d’Assise, c’est avec le Crucifié-ressuscité de Saint Damien que tout commence. Né en 1181, il a vingt-trois ans lorsqu’il contemple cette œuvre orientale datant du siècle précédent. Il la contemple ? Disons plutôt qu’il se laisse regarder par elle – par ce Christus patiens qui est en même temps un Christus triumphans, aux yeux ouverts, qui ne parle pas, mais autour de qui tout le monde parle, paraissant commenter sans fin l’événement unique de sa mort et de sa résurrection. Le paradoxe est que ce Christ sans parole parlera à François et que ceux qui sont censés parler, ses contemporains assisiates, se révéleront muets à propos de ce mystère dont Dieu les avait constitués témoins. Mais le grand appel de Jésus à relever sa « maison qui tombe en ruines », entendu par François et d’abord compris au sens matériel, va faire de lui dans l’Église une voix nouvelle qui ne se taira plus.