Saint Thomas dans tous ses états
Dans les documentaires, les journalistes ont souvent l’habitude de suivre un personnage pour nous présenter les événements à travers sa vie quotidienne : ce sera un médecin pendant la crise du Covid, un soldat pendant la guerre en Ukraine, un candidat à une élection…
Pourquoi ne pas faire de même pendant la Semaine Sainte ? Je vous propose la figure de saint Thomas. Vous savez, celui qui fait reprendre la sempiternelle ritournelle « moi je suis comme saint Thomas, je ne crois que ce que je vois ! » Comme si saint Thomas se résumait à sa prétendue incrédulité, de même que saint Antoine se ramènerait aux objets perdus !
Thomas vaut bien mieux que cela. Matthieu, Marc et Luc se contentent d’en faire mention, mais saint Jean est plus prolixe. Dans l’épisode de la résurrection de Lazare, il nous le montre courageux, avec un certain panache. Lorsque Jésus décide de se rendre auprès de son ami malade, en dépit des dangers qui le menacent, Thomas dit à la cantonade : « Allons-y, nous aussi, pour mourir avec lui ! » (Jn 11, 16).
À son courage, voire sa témérité, Thomas ajoute une grande curiosité. À la fin du dernier repas, quand Jésus se met à parler du chemin qui conduit là où il va aller, Thomas brûle d’en savoir plus et il interroge Jésus sans détours : « Seigneur, nous ne savons même pas où tu vas : comment connaîtrions-nous le chemin ? » Admirable spontanéité qui nous vaut une admirable réponse : « Je suis le chemin, la vérité et la vie » (Jn 14, 6). Merci Thomas pour ta belle question !
Et puis, bien sûr, il y a le rendez-vous manqué du soir de Pâques : ils sont tous là, et Thomas n’est pas là. Quelle idée d’être absent le soir où Jésus apparaît ressuscité ! Oui, mais s’ils sont tous là, c’est parce qu’ils sont morts de peur et qu’ils ont barricadé le Cénacle. C’est donc une autre confirmation que Thomas n’a pas peur. Que fait-il dans les rues de Jérusalem à cette heure tardive ? Nous n’en savons rien, mais il est courageux, c’est tout.
« Oui, oui, dira-t-on, mais il a douté, et ce n’est pas bien de douter ! » Vous trouvez vraiment que les autres étaient des modèles de foi ? Thomas a voulu vérifier, c’est sûr. Mais il a été beaucoup plus loin que cela : il est le premier, dans le Nouveau Testament, à affirmer haut et fort la divinité de Jésus. « Mon Seigneur et mon Dieu ! » (Jn 20, 28) : ce n’est pas un acte de foi, ça ? Et quel acte de foi, que personne n’avait fait avant lui !
En plus de tout cela, Thomas était un bon marcheur : une tradition très ancienne fait de lui l’évangélisateur de l’Inde. Mieux encore : tout récemment, un chercheur nommé Pierre Perrier a pensé trouver des traces de son passage en Chine, où il se serait introduit jusqu’à la cour de l’empereur. Cela n’a pas été du goût du régime très libéral de ce pays, qui l’a interdit de séjour après avoir infesté de virus ses ordinateurs. Mais ceci est une autre histoire.
Pendant ces fêtes pascales, soyez comme saint Thomas : des amoureux du Christ, votre Seigneur et votre Dieu.