Prendre du temps pour aimer Dieu
« Prendre du temps pour aimer Dieu, c’est le tout du tout de notre vie : rien de plus beau ! » Ces paroles lumineuses sont de Christophe Lebreton, notre bienheureux loir-et-chérien, moine cistercien mort martyr en mars 1996 avec ses six autres frères du monastère de Tibhirine.
À défaut de pouvoir nous rendre à Tibhirine (les tracasseries administratives des autorités algériennes sont vraiment trop dissuasives), nous avons pu cette semaine, avec une quinzaine de pèlerins du diocèse, nous rendre sur les lieux de France où le frère Christophe a commencé à mettre en œuvre l’appel qu’il avait ressenti après une adolescence un peu tumultueuse à consacrer sa vie au Christ en tant que moine cistercien. Le coup de foudre s’était produit alors qu’il faisait sa coopération auprès de jeunes handicapés d’Alger, ce qui lui avait donné la possibilité de découvrir l’abbaye Notre-Dame de l’Atlas à Tibhirine et de comprendre que c’était là, pauvre parmi les pauvres, qu’il était appelé par Dieu.
Mais il n’était pas envisageable de devenir moine sur place, car Tibhirine était un monastère trop démuni pour posséder un noviciat. Christophe devait donc vivre le début de sa vie monastique soit à Aiguebelle dans la Drôme, soit à Tamié en Savoie. C’est à Tamié, magnifique monastère perché à mille mètres d’altitude en face du Mont Blanc, que finalement il choisit de postuler. Il devait y rester de 1974 à la fin de 1986, soit plus de temps finalement qu’il n’en passera à Tibhirine.
Notre rencontre la plus marquante à Tamié a été celle de frère Didier : entré à Tamié à peu près au même moment que frère Christophe, il a noué avec lui malgré les différences de caractère une amitié solide dont il nous a parlé avec chaleur, citant de mémoire des poèmes qui tournent tous autour de la mystique du don : un don qui aboutit au sacrifice de la vie pour ceux qu’on aime.
Et monseigneur Verrier, qui était du voyage et qui nous a régalés de son érudition et de son enthousiasme, nous a rappelé les derniers mots écrits par Christophe dans son journal le 19 mars 1996. C’était une phrase du psaume 100 : « Je marcherai d’un cœur parfait. » Enlevé le 26 mars dans la nuit avec ses compagnons, Christophe devait marcher d’un cœur parfait jusqu’au don suprême, à la suite de son Seigneur.