La sainteté des gens ordinaires
Chaque année, la retraite pastorale est une pause bienfaisante dans le quotidien des prêtres et des diacres (et aussi de l’évêque). Elle dure une semaine, tantôt dans le diocèse, tantôt en-dehors. Cette année, la communauté des Béatitudes nous accueillait à nouveau pour une retraite prêchée par le Père Gilles François, prêtre du diocèse de Créteil et chargé de la cause de béatification de Madeleine Delbrêl.
Qui est Madeleine Delbrêl ? Une femme née en 1904 et morte en 1964. Le catholicisme de sa famille était surtout sociologique, et durant son adolescence elle devient athée, au point d’écrire en 1922 : « Dieu est mort, vive la mort ! » Mais voilà qu’elle rencontre des jeunes de son âge pour qui le Christ est un vivant, le Vivant : « Le Christ, écrit-elle, ils auraient pu avancer une chaise pour lui ! » Cela la conduit en 1924 à s’agenouiller pour prier, et à partir de ce moment elle restera « éblouie par Dieu », selon sa propre expression.
Une autre grande date de sa vie est 1933. Encouragée par son accompagnateur spirituel, le Père Lorenzo, elle s’établit à Ivry-sur-Seine, qui est à l’époque la capitale française du communisme et la circonscription électorale de Maurice Thorez. Elle y restera jusqu’à sa mort, renonçant dès 1935 à l’abri sécurisant de la paroisse locale pour s’établir, avec ses compagnes, en pleine ville, comme « nous autres gens des rues » – c’est le titre de son premier livre, paru en 1938.
Durant cette retraite, notre prédicateur a eu l’art de nous faire découvrir et méditer les nombreuses pépites qui jalonnent les écrits de Madeleine. En voici quelques-unes.
- Sur la Parole de Dieu : « La Parole de Dieu, on ne l’emporte pas au bout du monde, dans une mallette : on la porte en soi, on l’emporte en soi… Sa tendance vivante est de se faire chair en nous. »
- Sur l’amour : « Nous ne savons que deux choses : la première, que tout ce que nous faisons ne peut être que petit ; la seconde, c’est que tout ce que Dieu fait est très grand. »
- Sur la vie de foi : avec cette vie, « la plante de la vie évangélique ne pourra pas ne pas jaillir. » Sans cette vie, « nous ferons des jardins de fleurs coupées qui faneront en deux jours. »
- Sur la souffrance : « Presque tous les gens qui essaient… d’être de vrais disciples du Christ passent [par elle] un jour ou l’autre… C’est du "fait sur mesure" pour chacun. Sans passer par là, je ne pense pas qu’on puisse croire en Dieu, espérer en Dieu, aimer Dieu avec désintéressement, sans s’aimer égoïstement soi-même. »
- Sur la joie chrétienne enfin : « C’est de croire concrètement – avec la foi – que nous avons toujours et partout tout ce qu’il faut pour être heureux. »