Est-ce que tu m'aimes vraiment ?
Ce dimanche 1er mai, troisième de Pâques, retentit dans l’évangile la question de Jésus ressuscité adressée à Pierre : « Est-ce que tu m’aimes vraiment ? » C’est le thème des quatrièmes « JDJ », les Journées Diocésaines de la Jeunesse du diocèse de Blois, qui ont lieu à Pontlevoy samedi et dimanche avec des jeunes collégiens et lycéens venus des quatre coins du département. Les premières JDJ s’étaient faites à Saint-Aignan en 2017, les deuxièmes à Muides et à Saint-Dyé-sur-Loire en 2018, les troisièmes à La Ferté-Saint-Cyr en 2019, avec à chaque fois un doublement des effectifs. Mais le Covid est arrivé, qui a brisé ce bel élan et nous a contraints à deux années de jachère : cette année est donc une année de reprise, dans le cadre somptueux de l’abbaye de Pontlevoy.
Lorsque Jésus apparaît à Pierre et aux six autres disciples au bord du lac de Galilée, on a l’impression d’un retour au quotidien : « Je m’en vais à la pêche » dit Simon-Pierre, et les autres le suivent. On est ramenés à la case départ, comme si tout ce que les disciples avaient vécu à la suite de Jésus était une simple parenthèse dans leur vie. Le plus étonnant est qu’ils savent que Jésus est ressuscité, qu’il leur a donné rendez-vous en Galilée (cf. Marc 16, 7), mais rien de tout cela ne semble encore en mesure d’opérer en eux un changement définitif.
Tout va repartir d’une pêche miraculeuse qui rappelle étonnamment celle à l’issue de laquelle Simon avait été appelé par Jésus en ces termes : « ne crains pas, désormais ce sont des hommes que tu prendras » (Luc 5, 10). Alors, ramenant sa barque à terre et laissant tout, Simon-Pierre avait suivi Jésus, et ses compagnons avaient fait de même.
Il arrive que le film de notre vie se rembobine ainsi, après que nous avons régressé dans l’amour du Christ. Nous sommes ramenés par grâce à un moment-clef où nous avons fait une rencontre décisive du Seigneur, où nous lui avons dit oui, et il nous regarde à nouveau à partir de ce point de départ. « Est-ce que tu m’aimes vraiment ? » Dans ce « vraiment », on peut bien sûr lire en creux notre infidélité, car pendant tout ce temps où nous avions promis d’être disciples nous ne l’avons pas été totalement, et parfois dans l’usure des jours nous avons renié. Mais ce « vraiment » est aussi une promesse : promesse d’un pardon qui nous ramène au premier jour, promesse d’une force neuve qui nous rendra enfin capables de vivre jusqu’au bout dans le temps la promesse que nous avons faite dans l’instant.
Les jeunes dont le cœur ne s’est pas endurci ont la grâce d’être encore au contact du premier jour, ouverts à la rencontre, disposés à la réponse qui fait tout quitter pour suivre Jésus. Quand on est jeune on est capable de « donner sa vie comme on jette une fleur », selon la belle expression de Madeleine Daniélou. Nul ne peut savoir à l’avance dans quelle mesure il sera fidèle ; mais nous savons tous que le Ressuscité est capable, parce qu’il croit toujours en nous, de nous reconduire à la grâce du premier jour.