Espérance d'Israël et espérance Chrétienne — Diocèse de Blois

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Espérance d'Israël et espérance Chrétienne

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CHRONIQUE RCF BLOIS 23 DÉCEMBRE 2022


À l’approche de cette fête de Noël, une histoire juive me revient en mémoire. Elle est
racontée par ce grand écrivain francophone que fut Edmond Fleg, un des principaux
fondateurs de l’Amitié judéo-chrétienne.
Dans un de ses livres intitulé Jésus raconté par le Juif Errant, Edmond Fleg affirme
que tout Juif, qu’il soit croyant ou non, qu’il le sache ou qu’il l’ignore, espère la venue
du Messie d’Israël. Selon lui non seulement cette espérance est indéracinable, mais
elle se fait d’autant plus forte que les malheurs s’acharnent sur le peuple juif. À l’appui
de cette affirmation, il cite un passage du Talmud méditant sur la ruine du Temple de
Jérusalem. Quatre rabbins gravissent ensemble la montagne où se dressait autrefois le
Temple dans sa splendeur, et qui n’est plus maintenant que désolation. Et voici le
récit :
Nous venions d’apercevoir un chacal, bondissant hors du Saint des Saints en ruine.
Nous pleurions. Mais [l’un d’entre nous, Rabbi] Akiba, riait.
Nous lui demandions : « Pourquoi ris-tu ? » Il nous demandait : « Pourquoi pleurez-
vous ? »
« Eh quoi ? [lui répondions-nous] Du saint lieu nous voyons bondir le chacal, et nous
ne pleurerions pas ? »
« C’est justement pourquoi je ris, répondit Akiba. [Un prophète] a dit : "Jérusalem ne
sera plus qu’un monceau de décombres" ; et [un autre prophète a dit plus tard] : "de
nouveau, sur les places de Jérusalem, les vieux et les vieilles s’assoiront, leurs bâtons à
la main, et les filles avec les garçons, danseront leurs danses". Tant que la première de
ces paroles ne s’était pas réalisée, je pouvais douter de l’autre ; mais maintenant
qu’elle s’est montrée véridique, dans la seconde aussi je vois la certitude ! »
À l’image de l’espérance d’Abraham, l’espérance d’Israël a appris dans les épreuves à
tenir ferme « contre toute espérance » selon l’expression de l’épître aux Romains. Au
terme d’une année si éprouvante et si difficile, je vous souhaite d’y penser en priant
devant la crèche. J’y pensais moi-même tout récemment devant les restes calcinés de
l’abbaye Saint-Georges sur laquelle nous avions fondé tant d’espoirs que l’incendie
faisait partir en fumée. Abraham, notre père dans la foi, sans qui l’Enfant Dieu ne
serait pas né tant de siècles plus tard. Abraham, notre père devant Celui en qui il a cru,
qui « donne la vie aux morts et appelle le néant à l’existence » : « Espérant contre
toute espérance, il tint ferme… Devant la promesse divine, il ne succomba pas au
doute mais il fut fortifié par la foi et il rendit gloire à Dieu » (Romains 4, 17-20).
 

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