Saint Joseph travailleur
Saint Joseph, auquel cette année 2021 est consacrée, est vénéré avant tout comme le père nourricier de l’enfant Jésus. Mais au siècle dernier, alors que se répandait partout la fête du 1er mai comme fête du travail et journée consacrée aux revendications des travailleurs, le pape Pie XII a souhaité que saint Joseph soit vénéré aussi à cette date comme patron des « travailleurs », c’est-à-dire en premier lieu de tous ceux qui exercent un métier manuel.
C’est de saint Joseph que Jésus enfant et adolescent a appris à tirer parti de ses mains pour travailler le bois et le rendre apte à l’usage humain. Il a ainsi apporté sa contribution à l’effort de l’humanité pour dominer le monde sans le détruire ni l’enlaidir, mais en donnant une nouvelle noblesse à la matière dont il est fait : dans cet art, car c’en est un, nous sommes probablement beaucoup moins doués que ne l’étaient les gens de cette époque, et nous avons beaucoup à apprendre de ceux qui n’en ont pas perdu totalement le secret.
Jadis, les Dauphins de France devaient apprendre dans leur enfance un métier manuel : c’est ainsi que Louis XVI par exemple était devenu serrurier. Les métiers manuels étaient encore considérés sous l’Ancien Régime comme tout aussi formateurs que l’activité intellectuelle pour se préparer à gouverner un grand pays.
« Le Père aime le Fils et lui montre tout ce qu’il fait. Il lui montrera des œuvres plus grandes encore que celles-ci, et vous en serez stupéfaits » dit Jésus dans l’évangile selon saint Jean (5, 20). Sans le moindre doute, c’est d’abord auprès de Joseph que Jésus a découvert que le père aimait le Fils et lui montrait tout ce qu’il faisait ; et c’est grâce à Joseph qu’il a pu transposer sur le Père des cieux cette initiation au travail paternel et affirmer à ceux qui lui reprochaient de ne pas respecter le sabbat : « mon Père travaille toujours, et moi aussi je travaille » (Jn 5, 17).
Dans la parole « le Père aime le Fils et lui montre tout ce qu’il fait », on perçoit aussi le lien qui existe entre le travail et l’amour. Le travail fait avec amour suscite le désir de communiquer à ceux qu’on aime les secrets de ce que l’on fait. Ainsi, le travail n’est pas dissocié des autres relations humaines : bien au contraire, il les renforce. Là encore, bien que nous l’ayons souvent oublié, le travail existe pour être source d’unité et de fraternité. C’est pourquoi la vie terrestre de Jésus et son travail d’artisan puis de prédicateur du royaume des cieux ont culminé dans le sacrement de l’eucharistie : le pain et le vin, fruits de la terre, de la vigne et du travail des hommes, ont été rendus capables de récapituler toute l’offrande du Fils de Dieu et de nous la partager en communion.