Meilleure Année !
Chers amis,
Beaucoup de cartes de vœux en ce début d’année portent, à côté ou à la place du classique « Bonne Année », la mention « meilleure année ». En effet, il est des années qu’on voit s’achever avec un sentiment de soulagement… Et comme la nature humaine est heureusement portée à espérer un avenir meilleur que le passé, on se prend à espérer et à souhaiter beaucoup de choses pour les uns et pour les autres. Il y a là un phénomène ultra-classique, qui fonctionne encore mieux quand on ressort mécontent ou découragé d’une année difficile.
Mais qu’est-ce donc qu’une « meilleure année » ? C’est bien sûr une année où nous pourrons peut-être dire que l’épidémie du coronavirus a été vaincue, ou du moins maîtrisée. C’est une année où les conséquences économiques et sociales de cette épidémie auront pu au moins être limitées, où les plus fragiles d’entre nous auront été pris en compte et aidés à s’en sortir. Mais c’est aussi, et peut-être d’abord, une année où nous aurons progressé dans la « culture du soin », comme nous y appelle le Pape François ; une année où le soin que nous prendrons les uns des autres se transformera pour notre humanité en un véritable « parcours de paix » – autre expression qu’utilise le Pape dans ses vœux de Nouvel An. Rappelant que la crise sanitaire aggrave « des crises liées entre elles, climatique, alimentaire, économie et migratoire », il nous propose « les principes de la Doctrine sociale de l’Église comme boussole » et « la dignité inaliénable de la personne humaine comme gouvernail ». Bref, il nous met en garde contre le sauve-qui-peut individualiste et il nous appelle à nous comporter en frères les uns des autres : Fratelli tutti, « tous frères », c’est le titre de sa dernière encyclique.
Une autre expression que nous entendons souvent et que nous utilisons sans doute nous-mêmes est : « Prenez soin de vous ». Sur ce point précis, le Pape nous appelle aussi à une révolution copernicienne, puisqu’il nous dit en substance « Prenez d’abord soin des autres, et les autres à leur tour prendront soin de vous ». Ce n’est d’ailleurs que la transposition d’une parole de l’Évangile : « Tout ce que vous voulez que les autres fassent pour vous, faites-le d’abord pour eux : voilà la Loi et les prophètes » (Matthieu 7, 12).
Alors, que vous souhaiter de plus beau en ce début d’année que de mettre en pratique cette parole ? Le bonheur collectif ne se trouve pas dans la sécurité, sécuritaire ou sanitaire : il se trouve dans ce que le Pape appelle la « charité sociale », c’est-à-dire l’amour mutuel comme moteur de la vie sociale et politique. Une utopie ? À nous de démontrer que ce n’en est pas une, mais que c’est un magnifique défi de fraternité !