Le Christ est notre avenir
On a souvent tendance à confondre deux mots qui n’ont pas le même sens : le futur et l’avenir. Vous avez sans doute remarqué que dans de nombreux films de science-fiction les dangers ou les êtres malfaisants viennent du futur. Ils ne viennent pas de l’avenir car plus ou moins consciemment nous nous souvenons encore que le mot avenir a un sens plus positif que le mot futur. Je suis un piètre angliciste, mais je crois que l’anglais ne fait pas cette distinction : pour l’avenir comme pour le futur, il dispose d’un seul mot : future. Et toute une génération désespère de l’avenir en disant : « no future ».
Or les deux mots ne veulent pas dire la même chose. Le futur, c’est ce qui nous tombe dessus sans que nous n’y puissions rien. C’est pourquoi le futur est souvent présenté sous des traits plutôt sombres, car il ratifie en quelque sorte notre impuissance radicale à le conjurer. Le futur peut être fascinant, comme dans la science-fiction, mais il est surtout inquiétant, voire menaçant. On comprend que les jeunes d’aujourd’hui aient peur du futur puisqu’on ne cesse de le leur présenter comme porteur de catastrophes – catastrophes écologiques, catastrophes sanitaires, et plus simplement incertitudes quant à la vie professionnelle et quant à la stabilité affective : « la première année on achète les meubles ; la deuxième année on déplace les meubles ; la troisième année on partage les meubles » disait un humoriste désabusé.
Pour l’avenir, c’est tout autre chose. L’avenir c’est ce que nous bâtissons pour nous, c’est aussi ce que nos capacités humaines nous permettent d’espérer pour les générations qui viendront après nous – ce qui suppose qu’il vaille la peine de mettre des enfants au monde. Mais surtout l’avenir, ce n’est pas « quelque chose », c’est Quelqu’un qui vient vers nous, qui s’avance à notre rencontre et nous ouvre les bras : l’avenir est le lieu de l’espérance en Celui qui est la Vie. Le pape Benoît XVI disait magnifiquement à propos de l’espérance qu’elle « attire l’avenir dans le temps présent ». Et il ajoutait : « l’existence de cet avenir change le présent ; le présent est touché par la réalité future, et ainsi les choses à venir se déversent sur les choses présentes et celles présentes sur celles à venir [1]. »
Y a-t-il plus belle définition de la résurrection ? Le Christ ressuscité est notre avenir, un avenir qui se déverse sur notre présent et en change radicalement la signification. Alors nous pouvons vivre et agir en sachant que tout notre présent a du sens, que tout notre présent est appelé à se déverser sur notre avenir, que tout, ici et maintenant, est semence d’éternité.
[1] Benoît XVI, Spe salvi, n°7.