Ils sont 96 % à penser que ... — Diocèse de Blois

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Ils sont 96 % à penser que ...

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Chronique du 9 avril 2021

Ils sont 96% à penser que les Juifs sont une espèce mi-humaine mi-animale nuisible, apparentée aux rats et aux cloportes. « Ils », ce sont les Allemands à la fin des années 30. Quelques années de bourrage de crâne et de folie raciste ont suffi pour les faire dériver du bon sens le plus élémentaire. Ils sont 96% à penser que l’euthanasie est la dernière victoire « sociétale » à remporter pour maîtriser sa mort. « Ils », ce sont les Français en 2021. Du moins, à ce qu’on nous dit. Je ne crois pas du tout qu’ils soient 96%, pas plus que je ne crois que les Allemands du temps d’Hitler aient été une écrasante majorité à croire à sa doctrine. Tout est dans l’art de présenter les choses, et les idéologues savent toujours les présenter comme il convient pour arriver à leurs fins.

Je sens qu’on va m’accuser de reductio ad Hitlerum. Péché impardonnable s’il en est. J’assume ! Car l’euthanasie des inutiles (malades mentaux, mais aussi personnes en fin de vie) faisait partie aussi de l’idéologie nazie, et pour les mêmes raisons que l’euthanasie dite volontaire, mais bientôt systématique, fait partie de l’idéologie de nos pseudo-compassionnels contemporains. Les malades en fin de vie, ça coûte cher. Les malades en fin de vie, c’est la démonstration que nous ne sommes pas tout-puissants et que la mort fait partie de notre condition humaine. Insupportable pour certains.

Avez-vous lu l’article courageux de Michel Houellebecq mardi dernier ? Ce n’est pas un de mes auteurs de chevet, mais il a tout compris. Il a compris le dévoiement du vocabulaire auquel se livrent les partisans de l’euthanasie – en tordant les mots « compassion » et « dignité » en particulier. Comme si la compassion consistait à se débarrasser des autres après les avoir persuadés de demander le coup de grâce ; et comme si la dignité consistait à refuser le combat – car le mot « agonie » veut dire « combat ».

Il est étonnant que Houellebecq ne trouve à citer que les bouddhistes pour rappeler que l’agonie est le moment où se jouent les choix décisifs d’un être humain. Le christianisme n’aurait-il vraiment rien à dire sur le sujet, lui qui nous rend témoins de l’agonie du Christ, lui qui nous fait prier pour être préservés de « la mort imprévue » et pour pouvoir faire de notre mort l’acte suprême d’offrande de nous-mêmes ?

Dites non à cette horreur de l’euthanasie. Ayez le courage de dire non, de descendre dans la rue pour dire non. Ce n’est pas parce que certains de nos malheureux voisins en sont arrivés là que nous devons faire de même. Il est encore temps de réagir. Demain il sera trop tard. Demain, au nom de la « compassion », comme ils disent, on ne vous demandera même plus votre avis : on vous éliminera, tout simplement, dans le silence de l’hôpital. Je laisse le mot de la fin à Houellebecq : « Lorsqu’un pays, dit-il, en vient à légaliser l’euthanasie, il perd à mes yeux tout droit au respect. Il devient dès lors non seulement légitime, mais souhaitable, de le détruire ; afin qu’autre chose – un autre pays, une autre société, une autre civilisation – ait une chance d’advenir. »

 

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