Des femmes prêtres ?
Le 22 janvier dernier, je commentais la décision du Pape François d’ouvrir aux femmes l’accès aux ministères de lecteur et d’acolyte, c’est-à-dire au service liturgique de la Parole de Dieu et de l’eucharistie. Un auditeur vient de me rappeler que j’avais aussi promis de traiter la question de l’accès des femmes à l’ordination. Chose promise, chose due !
Commençons par un rappel : nous avons un corps, et ce corps est sexué. Chacune des cellules qui le composent est marquée au coin de la masculinité ou de la féminité. En conséquence, lorsque Dieu a pris un corps (affirmation qui est au centre de notre foi), il a dû choisir. Il ne pouvait pas n’être ni homme ni femme, il ne pouvait pas être à la fois l’un et l’autre, il devait être ou l’un ou l’autre. Et il a choisi d’être de sexe masculin et d’assumer ainsi, en plus des autres limitations liées à notre condition, cette limitation liée à la condition sexuée.
Pourquoi s’est-il fait homme plutôt que femme ? On pourrait répondre que la condition féminine de l’époque ne lui aurait pas permis de mener sa vie publique comme il l’entendait, mais cette explication sociologique est bien courte. Cherchons plutôt dans l’Évangile : on peut remarquer qu’en des passages importants (par exemple Matthieu 9, 15), Jésus se donne à lui-même le titre d’Époux. Or ce titre est un titre de Dieu dans l’Ancien Testament (par exemple Isaïe 54, 5) : Dieu se présente comme l’Époux qui veut se lier à l’humanité jusqu’à l’épouser et se donner à elle. Le Christ, de même, est l’Époux qui « a aimé l’Église et s’est donné pour elle » (Éphésiens 5, 25).
C’est justement pour cette raison que le prêtre est un homme, et non une femme. S’il n’y avait pas le prêtre, l’Église ne pourrait pas vivre ce vis-à-vis de l’Épouse et de l’Époux que le prêtre représente sacramentellement. Ce face à face est encore bien plus sensible depuis que la messe est célébrée « face au peuple », comme on dit, et tout prêtre qui célèbre le ressent presque physiquement : il a besoin de l’assemblée tout autant que l’assemblée a besoin de lui.
Ce que je viens de dire suppose simplement pour être compris qu’on ne confonde pas, comme c’est souvent le cas aujourd’hui, l’égal avec l’identique. Bienheureuse différence inscrite en notre corps qui nous rappelle que l’égalité se vit dans la complémentarité. Bienheureuse masculinité du sacerdoce qui nous rappelle que nous ne sommes pas des atomes d’humanité interchangeables, mais que l’un n’est pas l’autre et que nous ne sommes pas Dieu.