Présentation du Seigneur et vie consacrée
Cette année nous avons la chance que la fête de la Présentation du Seigneur (appelée aussi la « Chandeleur » parce qu’on y processionne avec des cierges) tombe un dimanche. Nous pourrons ainsi donner toute son importance à cette grande fête où le Christ Enfant commence déjà à s’offrir à son Père pour qu’il dispose de Lui en vue du salut du monde.
L’offrande du Christ est le modèle de toute offrande de soi à Dieu ; c’est pourquoi saint Jean-Paul II a voulu que le 2 février soit aussi le jour de la vie consacrée. Pour comprendre la vie consacrée, il faut d’abord nous rappeler que notre vie est un cadeau, le plus grand que nous ayons jamais reçu : il est logique de ne pas vouloir garder ce cadeau pour soi seul, mais de souhaiter le partager à notre tour. Et pour cela, il y a deux manières de faire.
La première manière est d’être pour d’autres « un sacrement particulier de l’amour de Dieu », selon le mot de Timothy Radcliffe. L’amour de Dieu est universel, mais il se particularise envers chacun. C’est ainsi que tel homme va aimer telle femme et se donner à elle, et réciproquement. L’un et l’autre, en se donnant, vont faire à leurs enfants le cadeau de la vie : autant de manières dont l’amour universel de Dieu se particularise à travers des individus, spécifiquement dans leurs relations familiales.
La deuxième manière de faire de sa vie un cadeau est de renoncer à aimer une personne en particulier (de renoncer au mariage) et d’offrir sa vie à Dieu pour qu’elle devienne entre ses mains un cadeau disponible pour tous. C’est ainsi que les consacrés deviennent des sacrements universels de l’amour de Dieu. Si parfois on appelle des consacrés « père » ou « mère », c’est paradoxalement parce qu’ils ne sont pères ou mères de personne en particulier. Leur vie entière est devenue signe de ce Dieu Père qui, selon le mot d’un enfant, est « un papa qui aime comme une maman ». Beaucoup sont aussi appelés « frères » ou « sœurs » : peu importe qu’ils aient ou non des frères ou des sœurs selon la chair, car ils sont signes du Christ, le Frère universel.
Certes, la vie consacrée est un renoncement, et comme tout renoncement elle est difficile. Elle ne se comprend que comme réponse à un appel. Mais c’est tout sauf un renoncement à aimer. Dans un monde où sévissent tant de formes de repliement individualiste, elle nous est plus nécessaire que jamais.