Néolibéralisme : disparités sociales, oppression politique — Diocèse de Blois

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Néolibéralisme : disparités sociales, oppression politique

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Chronique du 11 décembre 2020

Juste avant l’été paraissait un essai d’Edgar Morin intitulé Changeons de voie et qui tentait de tirer les premières leçons de la crise du coronavirus. J’en ai surtout retenu la condamnation sans appel du néolibéralisme et de son mensonge fondamental consistant à réduire « toute politique à l’économique et tout économique à la doctrine de la libre concurrence comme solution à tous les problèmes sociaux » (page 53). À ce premier mensonge, écrit Edgar Morin, s’en ajoute un deuxième non moins pernicieux : le mensonge du « ruissellement », vigoureusement condamné par le pape François (Fratelli tutti, n°168), selon lequel l’accroissement exponentiel de la richesse des plus riches finira toujours par ruisseler sur les plus défavorisés.

Il est un autre point sur lequel je voudrais m’arrêter car il est au cœur du débat sur la loi dite de « sécurité globale » et de son trop fameux article 24. Des économistes comme Gaël Giraud nous aident à prendre conscience que le néolibéralisme, qui se donne pour un parangon de défense des libertés individuelles, finit par avoir besoin de devenir autoritaire pour arriver à ses fins.

Son autoritarisme se traduit dans un premier temps par la prolifération des règlementations et de la bureaucratie. « Si vous êtes néolibéral, vous croyez que tout se résout par l’instauration d’un marché concurrentiel. Mais comme ce "marché" n’existe pas, il va vous falloir beaucoup d’employés de bureau pour l’imposer et le faire fonctionner » (Gaël Giraud). Mais la tentation sera aussi de plus en plus grande d’enjamber allègrement la lenteur des processus démocratiques – ce dont témoigne la loi de « sécurité globale ». N’oublions pas que les pays les plus en pointe du néolibéralisme sont la Chine ou Singapour, des États qui exercent sur les individus une surveillance de tous les instants : il y aurait en Chine, dit-on, une caméra de surveillance pour deux habitants ! Quant aux États-Unis, s’ils restent un pays démocratique, ils n’en sont pas moins un des pays où les diverses formes de répression sont les plus violentes.

À l’approche de Noël et de la naissance du Libérateur, tout cela nous rappelle combien l’humanité est douée pour s’infliger à elle-même les pires esclavages.

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