La mondialisation, cet épisode éphémère — Diocèse de Blois

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La mondialisation, cet épisode éphémère

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Chronique du 1er mai 2020

« L’ultra-mondialisation cyber-mercantile sera considérée par les historiens futurs comme un épisode éphémère. » C’est le destin que l’écrivain Sylvain Tesson promet dans la mémoire humaine aux trente années de folie globalisante que le monde a vécues depuis la chute du Mur de Berlin.

Dans sa chute, le Mur a précédé les murs, devenus l’incarnation du mal. « Dans le monde de l’entreprise, ils disparaissent (règne de l’open space) ; en l’homme, ils s’effacent (règne de la transparence) ; dans la nature, ils sont mal vus (règne alchimique de la transmutation des genres). » Et comme l’a écrit Régis Debray, « la misère mythologique de l’éphémère Union européenne tient à ce qu’elle n’ose savoir et encore moins déclarer où elle commence et où elle finit : ne s’incarnant dans rien, elle a fini par rendre l’âme » (Éloge des frontières, p. 64).

En ces temps où la moitié de l’humanité s’est retrouvée confinée par un virus, le moment est venu « d’invoquer le dieu Terme », ce dieu romain gardien des bornes. Car le monde globalisé est celui de la démesure et de l’injustice maximale. « Entre le fort et le faible, entre le riche et le pauvre, entre le maître et le serviteur, c’est la liberté qui opprime et la loi qui affranchit » écrivait Lacordaire en 1848 en parlant du repos dominical que certains, au nom du profit, songeaient déjà à abolir. La palissade n’agresse pas, elle met à l’abri : il paraît que l’idéogramme chinois pour le mot « paix » représente de manière stylisée une femme allaitant son bébé devant le mur d’une maison…

Que faudra-t-il faire dans le monde d’après ? Non pas séparer les gens, bien sûr, mais les protéger. Casser les reins à la finance mondialisée qui a détruit le pouvoir politique et a poussé l’impudence jusqu’à se faire renflouer par les États. Restaurer les États-nations et leur assigner pour première tâche de nationaliser tout le secteur bancaire – en somme, avoir des États maîtres de leur budget. Instaurer un fonctionnement de la Bourse en rapport avec l’économie réelle : « La mondialisation a été essentiellement ces dernières décennies une dérèglementation financière », avouait récemment Hubert Védrine. Nous en avons vu le résultat.

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