Fanatisme et idôlatrie — Diocèse de Blois

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Fanatisme et idôlatrie

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Chronique du 20 novembre 2020

Du fanatisme, sous-titré Quand la religion est malade, est un essai d’Adrien Candiard, un jeune dominicain français vivant au Caire. Je recommande vivement la lecture de ce texte, de son premier chapitre en particulier.

Réfléchissant sur le fanatisme qui conduit au terrorisme et à l’assassinat, Adrien Candiard énonce un paradoxe qui donne beaucoup à penser. Habituellement, on considère que le fanatisme est le résultat d’une sorte d’« excès de Dieu » dans la vie de quelqu’un, un excès qui le pousse à des actes insensés, comme lorsqu’on abuse de l’alcool. Pour Adrien Candiard au contraire, le fanatisme ne résulte pas de l’excès de Dieu, mais de sa tragique absence. Pourquoi cela ? Parce qu’on a mis autre chose à la place de Dieu.

Le théologien musulman médiéval IBN TAYMIYYA est le théoricien d’un islam rigoriste dans lequel depuis un siècle le salafisme a trouvé son inspiration. Selon cette école de pensée, Dieu est si transcendant qu’il est totalement inaccessible et inconnaissable ; la seule chose que nous pouvons connaître de lui, c’est ce qu’il nous commande. C’est ainsi que ce Dieu absent se trouve remplacé par sa volonté, sous la forme d’une loi qu’il faut accomplir aveuglément et dans les moindres détails. Un vrai croyant ne s’en tiendra pas là : il exigera que tous en fassent autant. Chacun sait que l’amour ne se commande pas ; mais dès lors qu’il ne s’agit plus d’aimer Dieu, mais seulement de lui obéir, la contrainte devient parfaitement légitime – et elle peut aller jusqu’à la mise à mort des récalcitrants.

Je viens de résumer à grands traits la démonstration d’Adrien Candiard, dont, encore une fois, je vous recommande la lecture. Car elle nous concerne tous : non seulement à cause de sa lecture du fanatisme, mais aussi parce que tout croyant peut éprouver dans sa vie la tentation de remplacer Dieu par autre chose que lui. Ce n’est pas nécessairement du fanatisme, mais c’est bel et bien de l’idôlatrie.

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