Entrons dans la Grande Semaine
Dès maintenant nous le savons : les mots « coronavirus » et « pandémie » seront les mots de l’année. Les mois de mars, avril et peut-être au-delà seront les mois maudits. Des leçons seront tirées, et peut-être vite oubliées, nous verrons bien.
Mais pour nous chrétiens, qui croyons que Dieu accompagne l’histoire humaine, il n’est pas indifférent que la tragédie que nous vivons coïncide avec les quatre-vingt-dix jours du Carême et du Temps pascal. Ces trois mois sont pour nous le sommet de l’année. Ils attestent que Dieu a fait pour nous ce qu’il pouvait faire de plus grand : nous donner son propre Fils. « Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ? » s’écrie saint Paul : « Lui qui n’a pas épargné son propre Fils mais l’a livré pour nous ! » Et il conclut : « Qui nous séparera de l’amour du Christ ? … Ni la mort ni la vie, ni les anges ni les principautés, ni le présent ni l’avenir ni les puissances, ni la hauteur ni la profondeur, … rien ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu manifesté dans le Christ Jésus notre Seigneur » (Romains 8, 31…38).
Cet amour du Christ dont rien ne peut nous séparer, le voilà manifesté tout au long de cette grande semaine. Il n’y a pas de semaine plus grande que la Semaine Sainte, car elle nous permet de suivre pas à pas Jésus dans ce qu’il fait pour nous. « Pierre suivait de loin » note saint Matthieu dans son récit (Matthieu 26, 58). En réalité nous suivons tous de loin, parce que Jésus nous précède toujours. Mais il est bon qu’il nous précède, car il nous ouvre le chemin, celui d’un passage par la mort qui est entrée dans la Vie.
Tous les efforts que l’humanité peut faire pour vaincre la mort par ses propres ressources ne peuvent mener qu’à l’échec. De même que notre vie présente est un cadeau, la vie éternelle ne peut qu’être donnée par celui qui en est le maître et reçue par sa créature. La pandémie actuelle donne un relief particulier à cette vérité fondamentale. Entrons dans la grande Semaine en demandant pour tous nos frères humains et pour nous-mêmes la grâce d’humilité qui seule permet de recevoir la Vie.