Écologisme et écologie — Diocèse de Blois

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Écologisme et écologie

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Chronique du 14 février 2020

Dans son Discours des vœux 2020, notre président de région Nicolas Perruchot, à juste titre me semble-t-il, a fait l’éloge de l’écologie et pourfendu l’écologisme. Il entendait par là une posture idéologique qui voit dans tout agriculteur un diffuseur de pesticides et dans toute production industrielle un saccage de la nature.

Au-delà de cette nécessaire mise en garde contre l’écologie doctrinaire, la question de fond me semble être philosophique : c’est celle de notre rapport au monde. La modernité, à la suite de Descartes, veut que l’homme se considère « comme maître et possesseur de la nature », au lieu d’y exister comme un gérant ainsi que l’enseigne la Bible. Le propre d’un gérant est d’avoir à rendre des comptes, alors qu’un « maître et possesseur » ne doit de comptes qu’à lui-même. Mais ainsi que l’écrivait Hannah Harendt, « l’homme moderne a fini par en vouloir à tout ce qui est donné, même sa propre existence. À en vouloir au fait même qu’il n’est pas son propre créateur, ni celui de l’univers. Dans ce ressentiment fondamental, il refuse de percevoir rime ni raison dans le monde donné. Toutes les lois simplement données à lui suscitent son ressentiment. Il pense ouvertement que tout est permis et croit secrètement que tout est possible. »

Il faut bien nous rendre compte que malgré tous les efforts que nous faisons en ce sens, nous avons bien du mal à sortir de ce rapport faussé au monde. J’en veux pour preuve que la quasi-totalité des gens qui parlent d’écologie ne savent nous donner que des chiffres : la température augmentera de tant de degrés, tant d’espèces vivantes ont déjà disparu, le recul des forêts représente tant d’hectares… On a l’impression que dans leur tête, le monde est réduit à ce qui est quantifiable, et qu’ils ne savent plus le regarder. À cet égard, ils ne sont guère différents de ceux qu’ils combattent : le mobile de leurs actions est moins l’amour de ce donné qu’est le monde que la peur de ne plus pouvoir y survivre.

Qui donc nous réapprendra à contempler le monde avec gratitude avant de le posséder et de la quantifier ?

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