De l'Ascension à la Pentecôte, avec l'Eucharistie
Le temps entre l’Ascension et la Pentecôte nous interroge sur la manière dont Jésus réalise sa promesse d’être présent avec nous « tous les jours jusqu’à la fin du monde ». Normalement, il est contradictoire de dire à la fois « je m’en vais » et « je suis avec vous » : c’est pourtant ce que dit Jésus à ses disciples.
Le mode fondamental de présence du Seigneur réside dans l’envoi de l’Esprit Saint : « je prierai le Père, et il vous donnera un autre Défenseur qui sera pour toujours avec vous » (Jn 14, 16). L’Esprit Saint ne vient pas remplacer Jésus, il vient le rendre présent : « je ne vous laisserai pas orphelins, je viens vers vous » (Jn 14, 18). Et ce mouvement de Jésus vers nous est aussi un mouvement de nous vers Lui, car l’Esprit Saint nous rend présents à Lui et à la vie de Dieu d’une manière nouvelle, inconnue jusque-là : « Ce jour-là, vous comprendrez que je suis en mon Père, que vous êtes en moi, et moi en vous » (Jn 14, 20).
Cette présence réciproque peut prendre bien des formes, de la méditation de la Parole de Dieu au « sacrement du frère » par lequel Jésus vient vers nous. Mais la forme la plus éminente est le sacrement de l’eucharistie, qui se caractérise lui aussi par ce double mouvement. Dans l’eucharistie en effet, Jésus vient vers nous et nous allons vers Lui. Par la communion au pain eucharistique qui est devenu Corps du Christ par l’action de l’Esprit Saint, Jésus est en nous et nous sommes en Lui, et par Lui nous sommes dans le Père.
On pourrait résumer cela en disant que la période entre Ascension et Pentecôte est le passage du face à face au cœur à cœur. La vie terrestre de Jésus a été un face à face de Dieu avec les hommes, à travers la sainte humanité de son Fils. Mais nous aurions tort d’envier ce face à face comme un bonheur à jamais perdu, car aujourd’hui et jusqu’à la fin, nous sommes dans le cœur à cœur. Il ne vit pas seulement à nos côtés, il veut être vivant en nous pour que nous soyons, dès maintenant, des vivants en plénitude : « ce jour-là – et nous y sommes – vous me verrez vivant, et vous vivrez aussi » (Jn 14, 19).