Confinement pascal
Nous voici maintenant dans le temps pascal et le confinement se poursuit pour trois longues semaines encore, avec une sortie très progressive et donc très incertaine. Dans la vie des paroisses le temps pascal est en général comme la gerbe finale de l’année pastorale, avec les fêtes liturgiques qui s’enchaînent, les premières communions, les professions de foi et les confirmations. À l’échelle du diocèse, nous devions vivre une journée exceptionnelle le 26 avril dans le cadre de l’année Jeanne d’Arc en commémorant son passage à Blois en 1429. Ce même jour devaient être célébrés les vœux perpétuels de sœur Helen, jeune franciscaine servante de Marie. Le dimanche suivant c’était notre pèlerinage pour les vocations à Choue, la semaine d’après c’était la nuit des cathédrales, et les 16 et 17 mai les Journées diocésaines de la Jeunesse à Pontlevoy. Enfin le 30 mai veille de Pentecôte devait avoir lieu la conclusion solennelle de l’année Christophe Lebreton, ainsi que les habituelles confirmations d’adultes à la cathédrale. Et j’en passe…
Le pire n’est pas de rester encore confinés plusieurs semaines : c’est de ne pas savoir comment nous en sortirons. Le 11 novembre 1918, le 8 mai 1945, la France était exsangue mais on savait que la guerre était finie et qu’on pouvait regarder vers l’avenir, commencer à panser les plaies, s’atteler à la reconstruction. Dans le cas présent, il est beaucoup plus difficile de dire exactement quand la page sera tournée. On nous parle de tests universels, d’un vaccin, mais rien de tout cela n’est pour tout de suite.
Il y a cependant des exigences immédiates qui ne peuvent plus attendre. Quelles sont-elles ? À juste titre, on souligne la gravité des détresses matérielles et les organismes d’Église, à qui je veux rendre hommage, prennent largement leur part de ce souci. L’Église s’est pliée à toutes les consignes sanitaires de manière exemplaire, et il n’a pas manqué de voix pour le lui reprocher. Mais l’homme ne vit pas de seulement de pain, il lui faut une vie vraiment humaine : c’est pourquoi l’exercice du culte est reconnu dans nos sociétés comme faisant partie des libertés publiques fondamentales. Tout en veillant à prendre les précautions nécessaires, il n’est plus possible de tenir encore longtemps les fidèles éloignés de la célébration vivante des sacrements. Il n’est plus possible que les familles ne puissent visiter leurs malades en fin de vie afin de leur dire adieu. Il n’est plus possible que les aumôniers d’hôpitaux soient d’astreinte dans leurs bureaux avec interdiction de visite aux patients qui le demandent alors que partout les Agences régionales de santé appellent des volontaires pour venir en renfort dans les établissements de soins : il s’en est présenté plus de 2000 dans notre région et l’on ne peut que s’en réjouir. Mais pourquoi ceux qui proposent une écoute spirituelle restent-ils dans bien des endroits tenus à l’écart ? Ce dont notre société a besoin depuis très longtemps, c’est d’une réévaluation des besoins spirituels par rapport aux urgences matérielles. C’est le moment ou jamais de commencer à le faire, car c’est la marque d’une civilisation. Alors, quand le ferons-nous ?