Ce mal qui ne doit pas sortir de nous
Dans l’évangile de saint Marc, au chapitre 7, il est beaucoup question des rituels de pureté dont les pharisiens étaient coutumiers au temps de Jésus. Ils s’imaginaient rester purs grâce à des pratiques extérieures : lavage des mains, de coupes, de cruches et de plats.
Jésus, on s’en souvient, démasque cette illusion. Mais on ne réfléchit pas assez sur la suite de son enseignement : ce n’est pas ce qui vient de l’extérieur, mais « c’est ce qui sort de l’homme » qui le rend impur (Marc 7, 15). Autrement dit : c’est à l’intérieur de nous qu’il y a des germes d’impureté, c’est-à-dire de péché, et il ne faut surtout pas qu’ils en sortent. Ce sont comme des « cellules dormantes », et il faut qu’elles restent endormies. Par exemple la jalousie, ou la luxure, ou la vengeance.
Comment ces tendances mauvaises sortent-elles à l’extérieur ? C’est lorsqu’elles sont sollicitées par une cause extérieure. Alors elles se réveillent et se manifestent, en faisant des dégâts. L’enjeu n’est donc pas seulement de les laisser dormir, mais de les détruire. C’est ce que fait l’Esprit Saint quand il vient nous transformer de l’intérieur. Il détruit alors à la racine les tendances mauvaises, comme on détruit des cellules potentiellement cancéreuses, et il fait s’épanouir ce que saint Paul appelle « le fruit de l’Esprit » : charité, joie, paix, patience, mansuétude, bonté, fidélité, douceur, tempérance (Galates 5, 22-23). « Contre de pareils fruits, écrit-il, il n’y a pas de loi » (5, 24) : plus besoin de pesticides puisque les bestioles nuisibles ont toutes été détruites.
En cette période de l’année où renaît la nature pour porter son fruit aux beaux jours, c’est tout l’enjeu du Carême : laisser l’Esprit Saint faire le ménage en nous, ou, comme un bon jardinier, éliminer le chiendent pour faire les semis et préparer la récolte.