BLASPHÈME INSULTE ET VIOLENCE
Nous sommes à nouveau endeuillés par l’odieux attentat qui a été commis hier à Nice, et qui plus est dans une église. Et nous nous demandons tous avec angoisse : Quand tout cela cessera-t-il ? Et que faudra-t-il pour que cela cesse définitivement ?
Faisons un retour en arrière. Ce qui a exacerbé les tensions ces derniers jours, ce n’est pas l’attentat contre Samuel Paty, ni même les rodomontades du président turc, mais c’est d’abord la surenchère de Charlie Hebdo dans la provocation, encouragée par nos gouvernants et d’abord par le premier d’entre eux. Et pour quelle raison ? Uniquement par bravade ! Encourager à la provocation dans un tel contexte ne relève pas du courage mais de la bravade. C’est non seulement stupide, mais potentiellement meurtrier, car des personnes innocentes risquent de le payer de leur vie.
Je sais qu’on va m’accuser, en disant cela, de faire le jeu des islamistes et de baisser pavillon devant eux. Je récuse catégoriquement cette accusation, et je vais essayer maintenant d’expliquer pourquoi.
Notre société est de plus en plus pauvre en nuances et raisonne de manière binaire. Elle se cramponne à deux affirmations : 1/ La première est la laïcité, avec le droit de croire ou de ne pas croire 2/ La seconde est la liberté d’expression, avec ce qu’on appelle le « droit au blasphème ». Mais comment le droit de croire et le droit de ne pas croire pourront-ils coexister de manière féconde, en favorisant ce fameux vivre-ensemble dont on nous rebat les oreilles ? Peut-être par le dialogue quand il est possible, mais certainement pas par le blasphème et l’insulte.
Qu’on le veuille ou non, le « droit au blasphème » oublie toujours de prendre en compte les personnes concrètes attachées à une religion ou à une manière de la vivre. Il est nécessairement contre-productif, car il ne convainc que ceux qui sont déjà convaincus. Mais surtout, il blesse profondément. Même si certaines personnes ont une manière naïve ou irrationnelle de croire, cela justifie-t-il qu’on soit blessant envers elles ?
En réalité, le droit de croire ou de ne pas croire et le droit de critiquer ceux qui croient ne peuvent exister qu’en relation à un devoir : celui de respecter autrui. Et qu’on ne vienne pas me dire que je plaide pour l’autocensure : depuis quand le tact et le souci de ne pas blesser relèveraient-ils de l’autocensure ?
Si vous n’en êtes pas convaincus, je vous encourage à lire saint Paul, 1 Corinthiens 8 : « Si vous blessez la conscience de vos frères qui est faible, écrit-il, c’est contre le Christ que vous péchez ». Il est difficile d’être plus clair.