"Vos anciens auront des songes et vos jeunes gens des visions" — Diocèse de Blois

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"Vos anciens auront des songes et vos jeunes gens des visions"

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Chronique du 18 janvier 2019

« VOS ANCIENS AURONT DES SONGES ET VOS JEUNES GENS DES VISIONS »

Le premier texte de l’Ancien Testament cité le matin de la Pentecôte est emprunté à un prophète peu connu du nom de Joël.

Joël, qui écrivait peut-être quatre siècles avant Jésus-Christ, est en effet le prophète de la Pentecôte, c’est-à-dire d’une effusion universelle de l’Esprit Saint : « Je répandrai mon Esprit sur toute chair ! » (3, 1). Contrairement à ce qu’on pense parfois, l’Esprit Saint n’est pas absent dans l’Ancien Testament ; mais il est donné à certains seulement, et pour une mission bien déterminée. Il ne vient encore à l’idée de personne que l’Esprit de Dieu puisse un jour être répandu sur tous.

C’est là, précisément, qu’est la nouveauté de la Pentecôte et du Nouveau Testament en général. L’Esprit répandu « sur toute chair », c’est l’Esprit potentiellement donné à tout être humain, qu’il soit juif ou non juif, quelles que soient sa langue et sa culture. Voilà ce qu’a prédit Joël.

Mais l’oracle de Joël se poursuit. Après avoir dit « je répandrai mon Esprit sur toute chair », Dieu ajoute : « Vos anciens auront des songes et vos jeunes gens des visions ». C’est cette parole que le Pape François, dans un texte récent*, commente en ces termes : « Il est urgent que les personnes âgées croient davantage à leurs meilleurs songes et que les jeunes aient des visions capables de les pousser à s’engager courageusement dans l’histoire. » De quoi s’agit-il ? D’oser « rêver » à la possibilité de sortir d’une culture pour entrer dans une autre.

La culture dont il nous faut sortir d’urgence, c’est « l’anti-culture de l’indifférence envers la communauté », c’est-à-dire l’individualisme destructeur des liens entre les personnes et allié à la tyrannie de l’argent. Et la culture dans laquelle il nous faut entrer, c’est « une nouvelle vision pour un humanisme fraternel et solidaire des individus et des peuples », avec la conscience que les droits humains supposent toujours « des devoirs sans lesquels ils deviennent arbitraires ». Car « la fraternité, écrit le Pape, reste la promesse manquée de la modernité » : elle est donc la « nouvelle frontière » de la foi chrétienne, c’est-à-dire l’horizon vers lequel il nous faut marcher en posant des gestes prophétiques.

De quoi s’agit-il donc ? D’une nouvelle Pentecôte ? Exactement ! Et d’une nouvelle Pentecôte qui croit à la possibilité de traduire dans le réel des « songes » et des « visions » inspirés par l’Esprit.

 

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