Qu'est-ce qu'elle a la famille?
Monsieur Marc-Olivier Fogiel, journaliste, vient de publier un livre intitulé: Qu’est-ce qu’elle a ma famille? Sous des dehors plaisants, ce titre est d’une extrême violence. Un peu comme si vous étiez en train de lire tranquillement votre journal et que quelqu’un s’arrêtait pour vous lancer : «Qu’est-ce qu’elle a ma tête ? Pourquoi me regardes-tu comme ça ? »
Ainsi pris à partie, nous devons nous interroger sur ce que peut bien avoir la famille de monsieur Fogiel. A-t-elle des problèmes de santé ? Il ne le semble pas. A-t-elle des problèmes d’argent ? Alors là, pas le moins du monde : pour couvrir les frais des deux « Gestations Pour Autrui » (GPA) qui leur ont valu deux filles grâce aux ovocytes de deux femmes choisies sur catalogue, monsieur Fogiel et son compagnon ont déboursé pas moins de 170 000 € - 85000 € par bébé pour une GPA qu’on nous assure « éthique c’est-à-dire encadrée »-. On est en droit de se demander où est ce prétendu « encadrement », alors qu’ont été bafouées en toute impunité les lois de notre pays.
Dans le même temps où monsieur Fogiel publie son livre que Le Point qualifie généreusement de « témoignage contre les préjugés », le rapport du député Jean-Louis Touraine, visant à préparer le débat législatif sur la bioéthique est qualifié tout aussi généreusement de « courageux » par Le Monde : il ne propose rien de moins que de légaliser la PMA pour les couples de femmes et pour les femmes seules, ainsi que l’insémination post mortem, c’est-à-dire avec le sperme congelé d’un défunt. L’étape suivante sera, n’en doutons pas, d’autoriser la sinistre marchandisation de l’humain que le terme altruiste gestation « pour autrui » prétend hypocritement dissimuler. Ainsi, comme l’a dit très justement Jean Léonetti, «Vous avez la PMA sans père, et les mères porteuses sont l’étape suivante, mais vous ne vous interrogez pas sur ce qu’est la médecine : doit-elle réparer les pathologies, ou répondre à tous les désirs ? »
Je ne sais pas ce qu’a la famille de monsieur Untel ou de madame Unetelle, mais je sais que lorsque le désir individuel fait de l’enfant un objet de commerce, c’est l’humanité tout entière qui est menacée de sombrer. Allons-nous vraiment laisser faire une pareille folie ?
En la fête de saint François de Sales, patron des journalistes.