Pas de mission sans la croix
« Je suis venu apporter un feu sur la terre, et comme je voudrais qu’il soit déjà allumé !
Je dois recevoir un baptême, et quelle angoisse est la mienne jusqu’à ce qu’il soit accompli ! »
Nous entendions il y a peu ces paroles tirées du chapitre 12 de l’évangile de saint Luc. Elles me poursuivent tout au long de ce mois d’octobre, que le Pape François a voulu tout entier consacré à la mission universelle de l’Église.
Ces paroles, bien des personnes pourraient les reprendre à leur compte. Il peut nous arriver, en effet, de mettre en œuvre de grands projets qui nous enthousiasment et qui, en même temps, nous plongent dans l’anxiété parce qu’ils vont nous demander beaucoup d’efforts et, comme on dit aujourd’hui, une « prise de risque ». Tout se passe alors comme si l’enthousiasme et l’anxiété, deux états d’âme si éloignés l’un de l’autre, se nourrissaient en quelque sorte de leur coexistence paradoxale.
Quel est le grand projet de Jésus ? C’est, sans aucun doute, d’allumer sur la terre le feu de l’Esprit Saint. Quelle est sa grande angoisse ? C’est de savoir que ce feu ne pourra être allumé qu’à travers le sacrifice de la croix, ce qu’il appelle son « baptême ». Le mot « baptême » évoque l’immersion, la submersion, ou plus précisément encore l’engloutissement. « Les eaux me submergent, le flot m’engloutit » : de nombreux psaumes expriment ce sentiment de faire naufrage et de s’enfoncer sans retour dans le froid et dans les ténèbres.
Il n’y a pas de grand projet sans angoisse, il n’y a pas de mission évangélisatrice sans la croix. Mais, ainsi que le disait Édouard Souberbielle, un grand chrétien du siècle passé, « les causes justes ne commencent pas par la victoire, mais par la difficulté, l’épreuve et toutes les apparences de l’échec. C’est ainsi qu’elles préparent l’avenir. L’histoire du christianisme est l’histoire d’un lendemain. »