L'amour vrai - Au seuil de l'autre
L'amour vrai - Au seuil de l'autre
La pornographie, accessible même aux plus jeunes, est très certainement un des fléaux les plus dévastateurs de notre époque. Curieusement, elle n’est guère dénoncée par les initiatives qui, dans les mediaet les réseaux sociaux, protestent à juste titre contre les offenses faites aux femmes et contre l’instrumentalisation de leur corps. Nous sommes dans une société où personne ne veut encourir le reproche de passer pour moralisateur : et de fait, en faisant la morale on a peu de chances d’être écouté.
Il faut donc saluer le tour de force réalisé par le jeune philosophe Martin Steffens dans son très beau livre intitulé L’amour vrai (éditions Salvator). Le titre indique assez que l’approche se veut résolument positive : il s’agit de montrer la beauté de l’amour physique, en n’ayant pas peur, par contraste, de pointer aussi ses perversions.
Ainsi de cet éloge de la virginité. « Virginité et liberté sont presque synonymes, si l’on entend par liberté, non tant la libre disposition de soi, que la disponibilité offerte à plus grand que soi. » De cette disponibilité qui permet de librement se donner, Marie est l’exemple : « Il faut être vierge, nous dit la figure de Marie, pour enfanter Dieu, là où l’on se trouve. »
Ou encore, cette réflexion sur l’enfance : « L’homme et la femme grandissent pour protéger l’enfant. Ils ne grandissent pas pour sortirde l’enfance, mais pour [la] mettre au monde afin que l’enfance perdure dans ce monde. »
Ou encore, sur l’enfer : « On dit que Dieu, le bon Dieu, le Dieu-amour, a inventé l’enfer pour y précipiter l’homme. Mais c’est l’homme qui invente l’enfer et qui s’y précipite. C’est lui qui oublie de protéger la plus belle part de soi, sa part d’innocence… L’enfer, ce sera quand il n’y aura plus d’enfants, en nous et hors de nous. »
« Encore un livre, dira-t-on, qui ne convaincra que les convaincus et ne convertira que les convertis ! » Ce n’est pas si sûr : car, écrit Martin Steffens, « la pornographie est l’image fausse d’un désir vrai », un désir inscrit dans le cœur de tout homme, le désir du Royaume de Dieu. Et le Royaume de Dieu, écrit-il encore, « c’est ce que toute vie désire, car désirer vraiment, c’est désirer au-delà de soi. »