Accélération et vie chrétienne
En ces jours où l’agglomération parisienne est bloquée par la grève du métro, je voudrais vous parler de l’accélération.
Le sociologue allemand Harmut Rosa a étudié ce phénomène caractéristique de notre époque, en insistant sur les transformations de la perception du monde qu’il provoque. Par exemple, le fait de pouvoir se rendre en 12 heures de vol de Paris à Madagascar a pour résultat une perception de l’espace très différente de l’époque où il fallait s’y rendre en bateau. Ou encore, le fait de pouvoir communiquer de façon quasi instantanée par téléphone, mail ou SMS, instaure entre nous un mode de relation très différent de l’époque où le seul moyen de communication était le courrier.
Un point particulièrement intéressant de cette étude touche la perception que nous avons de notre propre existence personnelle. Alors qu’autrefois les transformations de mode de vie et d’activité étaient très lentes, elles se produisent aujourd’hui à l’intérieur d’une même génération, et pas nécessairement dans un sens positif. Cela qui remet en question la notion de progrès qui paraissait évidente il y a moins d’un demi-siècle. Plus encore, la perception que nous avons de notre propre vie perd en cohérence : « Les gens, écrit Harmut Rosa, racontent leur vie comme une suite d’épisodes non reliés entre eux, au lieu de produire un récit de croissance, de maturité et de progrès ». Non seulement cette perception de notre vie personnelle devient peu à peu anxiogène, mais elle nous empêche de la regarder sous un angle spirituel comme un itinéraire orienté et cohérent, qui vient de Dieu et va vers Dieu.
Quelles leçons en tirer ? En voici une très simple. Si la vie spirituelle, et la prière en particulier, ont du sens pour vous, et si vous désirez qu’elles fassent l’unité de votre vie, il est vital de réapprendre à ne pas vous hâter : comme le dit la fable bien connue, « Rien ne sert de courir, il faut partir à point. »