Service Public
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Depuis la remise du rapport Spinetta sur « l’avenir du transport ferroviaire » à la fin du mois de février, on a beaucoup disserté sur les régimes spéciaux de retraites, et ironisé sur l’amoncellement des privilèges et des primes en tous genres des agents de la SNCF, de la « prime charbon » à la « prime d’absence de prime ».
Comme toujours, la vérité est plus nuancée : même si les régimes spéciaux, qui font l’objet d’un âpre débat, apparentent les retraites des agents de la SNCF et de plusieurs grandes entreprises comme EDF-GDF et la RATP aux retraites de la fonction publique, la « prime charbon » a été supprimée dès le début des années 70, et la « prime d’absence de prime » n’a jamais existé. Quant à la gratuité des billets de train, il semblerait qu’elle se limite à l’agent SNCF, son conjoint et ses enfants bénéficiant de 90% de réduction, et les parents et grands-parents de 4 billets gratuits par an.
Il me semble, avec mon regard de non spécialiste, que les maux de la SNCF ne résident pas, ou pas seulement, dans le traitement d’exception qui serait réservé à ses employés, mais tout simplement dans ce que j’appellerai sans ambages une logique du profit. C’est elle qui a conduit depuis les années 80 à développer les TGV en délaissant les lignes secondaires et en les supprimant les unes après les autres. C’est elle aussi qui risque d’aboutir à la mise à mort du service public, déjà en sursis puisque les TGV obéissent à un modèle économique non étatique.
Je garde un souvenir amer d’une assemblée des évêques où nous avions convié un représentant de la SNCF pour essayer de sauver les wagons pour malades en usage dans les pèlerinages à Lourdes. À l’attitude de ce haut représentant, nous avions vite compris que la cause était perdue. Transporter des malades ? Allons donc, la SNCF a mieux à faire ! Il nous était proposé de les mettre dans les TGV, comme si les conditions d’accès aux TGV permettaient l’accès des fauteuils, voire des lits roulants…
Comme tout le monde, je vais pester dans les prochaines semaines quand j’aurai un train à prendre et que je le verrai supprimé. Mais le fond du problème va beaucoup plus loin que le maintien d’avantages acquis : il est de savoir si nous voulons vraiment, dans la société future, faire une place aux plus fragiles, ou si l’appât du gain a emporté tout le reste dans son courant.