Pourquoi l'Église prend part au débat autour des "Gilets jaunes".
POURQUOI L’ÉGLISE PREND PART AU DÉBAT AUTOUR DES « GILETS JAUNES »
Ce titre n’est pas de moi : c’est celui de « La Croix » de ce jeudi matin, et il me convient tout à fait. Un titre désastreux aurait pu être « Pourquoi l’Église ne soutient pas les gilets jaunes », ou bien, tout aussi désastreux, « Pourquoi l’Église soutient les gilets jaunes ».
L’enjeu, en effet, n’est pas de soutenir ou de ne pas soutenir. L’enjeu immédiat est de trouver une issue à cette crise. Mais c’est beaucoup plus encore. Pourquoi ? Parce que les crises, surtout lorsqu’elles prennent une telle ampleur, sont toujours des symptômes de malaises plus profonds et plus anciens qui rongent une société de l’intérieur. Déjà, fin 2016, le Conseil permanent de la Conférence des évêques de France lançait un signal d’alarme : « Notre société semble comme à fleur de peau, à vif, une société sous tension qui réagit et sur-réagit… Lors des crises sociales et sociétales, les tensions peuvent vite monter. La contestation est devenue le mode de fonctionnement habituel, et la culture de l’affrontement semble prendre le pas sur celle du dialogue. »
De quoi avons-nous besoin ? D’abord de retrouver la capacité de dialoguer et la joie du dialogue de personne à personne, sans le prisme déformant des réseaux sociaux. Mais aussi de nous aider mutuellement à discerner de façon dépassionnée les causes de phénomènes sociaux qui nous prennent de court, à faire des préconisations pour un meilleur fonctionnement de notre système démocratique, à nous demander enfin vers quel bien commun nous voulons faire converger nos efforts pour en laisser le fruit aux générations futures.
Les milliers de paroisses dont dispose l’Église dans notre pays constituent autant de lieux possibles pour une telle réflexion qui n’aura de sens que si elle rassemble croyants et incroyants. Dans notre Appel aux catholiques de France et à nos concitoyens, nous invitons toutes les paroisses à ouvrir leurs portes avec générosité pour permettre un tel débat, et pour favoriser le cas échéant la remontée des solutions préconisées vers les élus.
En faisant cela, l’Église ne se substitue à personne. Elle fait ce qu’elle a toujours fait au bénéfice des sociétés humaines où elle vit. Peut-être, dans les semaines qui viennent, un journaliste publiera-t-il un article intitulé « Pourquoi l’Église a été dans son rôle en se mettant au service du débat » !