Les sept contre Trèbes ? — Diocèse de Blois

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Les sept contre Trèbes ?

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Chronique du 19 octobre 2018

LES SEPT CONTRE TRÈBES

Pardonnez-moi ce jeu de mots facile qui fait allusion à la célèbre tragédie d’Eschyle intitulée Les sept contre Thèbes. 

Ce rapprochement avec des ennemis qui se multiplient ne m’est pas suggéré d’abord par Eschyle, mais par la parabole de l’esprit mauvais qui, chassé d’un homme, revient chez lui en compagnie de sept autres esprits plus mauvais que lui, de telle sorte que « l’état final de cet homme devient pire que le premier » (Matthieu 12, 45).

La petite ville de Trèbes dans l’Aude était déjà martyre en mars dernier lorsqu’elle subissait la prise d’otage au Super U où le colonel Arnaud Beltrame perdit héroïquement la vie. Et voilà que sept mois plus tard, les Trébéens sont frappés par une catastrophe naturelle bien pire encore par le nombre de victimes qu’elle fait, accumulant malheur sur malheur.

Mais les catastrophes sont-elles aussi naturelles ? Cette question est plus actuelle que jamais.

Revenons d’abord à notre parabole. On remarque que les sept mauvais esprits sont en réalité au nombre de huit : le premier qui a été chassé, et les sept autres pires que lui avec qui il est revenu. Sept plus un : comme si derrière la diversité des maux qui affligent l’humanité, il y avait une force unique qui les récapitulait tous.

On a reproché à la foi chrétienne de mélanger le volontaire et l’involontaire en affirmant que tous les malheurs de l’humanité venaient du péché. Qu’un islamiste tue des gens, cela a peut-être à voir avec le péché, mais qu’un orage meurtrier fasse des dizaines de morts, quel rapport avec l’agir humain ? C’est déjà la question que posait Camus dans la Peste et qui le faisait se révolter devant la mort d’un enfant. Or nous voyons aujourd’hui que même les phénomènes dits naturels comme les pluies diluviennes et les inondations peuvent avoir pour origine le péché des hommes : c’est bien l’humanité qui est responsable du dérèglement climatique.

Les sept contre Trèbes. Sept esprits plus mauvais que le premier, mais que le premier a ramenés avec lui. Mille malheurs pires que le péché, mais que le péché draine dans son sillage. Le philosophe polonais Leszek Kolakowski, revenu de la doctrine marxiste selon laquelle l’origine de tous nos maux est extérieure à l’homme, finissait par écrire à la fin de sa vie : « L’aptitude à se sentir coupable est la condition pour être homme. »

 

 

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