La Syrie oubliée
LA SYRIE OUBLIÉE
À nouveau, comme j’ai déjà eu l’occasion de le faire sur cette antenne, je voudrais me faire l’écho des nouvelles qui me parviennent de loin en loin de Syrie par Mgr Samir Nassar, archevêque maronite de Damas. Certes, la Syrie n’est pas le seul pays en guerre, ni peut-être celui où se déroulent les pires atrocités : le Yémen fait à juste titre la une des journaux. Mais le martyre de la Syrie se prolonge depuis si longtemps que la jeune génération n’a jamais rien connu d’autre que violence et pillage. Ajoutons à cela que ce qui se prolonge suscite toujours dans le monde médiatique la lassitude, puis l’oubli.
C’est précisément cela qui afflige le plus ceux qui sont plongés dans ce drame : « Le monde tourne la page et oublie la Syrie dans la misère », m’écrit Samir Nassar. Il oublie les 600 000 morts, dont beaucoup gisent on ne sait où, ce qui plonge les familles endeuillées dans l’impossibilité de vivre leur deuil. À ces morts s’ajoutent 200 000 disparus, dont deux évêques et quatre prêtres, et l’immense foule des 13 000 000 de réfugiés, « indésirables populations qui souffrent en silence, plongées dans l’angoisse, l’amertume et la perdition ». Au total, « un peuple éclaté, dispersé devant l’avenir ».
Sachant que 2 500 000 logements sont détruits, que les zones industrielles sont anéanties et les infrastructures endommagées, que le blocus étouffe l’économie, que l’inflation est galopante, que les jeunes qui en ont l’occasion s’en vont tenter leur chance à l’étranger et ne reviennent pas, cette année encore la Syrie célébrera Noël dans les larmes.
Les pays sont comme les hommes : il est facile et rapide de les détruire, mais il faut beaucoup de temps pour les reconstruire. Nous n’avons pas fini d’entendre parler de la Syrie : commençons par ne pas l’oublier sur le long chemin d’espérance qu’il lui reste à parcourir.