François : l'Homme et son message
FRANÇOIS : L’HOMME ET LE MESSAGE
Un des paradoxes du pape François est que cet homme qui s’est désigné lui-même le jour de son élection comme « l’évêque de Rome », et qui est intimement convaincu qu’il faut laisser tous les échelons de la vie de l’Église jouer pleinement leur rôle, se trouve contraint, dans notre univers hyper-médiatisé, d’assumer le rôle d’une sorte de « curé de l’humanité », à la suite de tous ses prédécesseurs depuis Paul VI.
Dans le film que lui a consacré Wim Wenders « Le pape François, un homme de parole », le pape assume sans complexe la personnalisation de sa fonction. Pour autant, ce documentaire n’est pas un outil de propagande. Il est une réponse à la légitime interrogation de nombre de nos contemporains : qui est au juste Jorge Bergoglio, devenu le pape François ?
Le pacte entre Wenders et François était simple : François devait se présenter tel qu’il est. Et pour cela, il devait regarder le spectateur dans les yeux, ce qui a été rendu possible par un procédé ingénieux appelé « Interrotron », une sorte de prompteur à l’envers qui permettait au Pape de voir le réalisateur à l’écran et de le regarder pendant qu’il lui parlait.
Mais ne nous méprenons pas. Pour Wenders, permettre à François de se présenter tel qu’il est, ce n’est pas le faire se livrer à un grand déballage sur lui-même, mais c’est lui donner le champ libre pour dire ce qui l’habite : « j’ai imaginé un film dont le cœur serait le message du Pape », explique le réalisateur.
Qu’est-ce qui est premier dans François : l’homme ou bien le message ? La réponse que nous fait entrevoir le documentaire de Wim Wenders est assez exceptionnelle en notre temps où trop de personnages publics se préoccupent avant tout de leur image : chez François, l’homme et le message sont liés entre eux au point de ne pouvoir être séparés. Le pape François est un homme qui vit ce qu’il dit, et qui nous prend à témoin. Il fait partie de ces rares personnalités en présence desquelles l’indifférence est impossible.