Chronique du 7 juillet 2017
LE REPOS EN DIEU
Les vacances… Ce moment merveilleux où, que l’on parte ou ne parte pas, semble s’apaiser la rumeur du monde. C’est nous, en réalité, qui y sommes tout à coup moins sensibles : quand il nous arrive d’écouter des informations ou de lire un journal, ce n’est plus du même œil ni de la même oreille. Nous aspirons tellement à cette suspension du temps, que tout se passe comme si elle finissait par se produire. Vérité ou illusion, la machine du monde s’alanguit, se met à tourner plus lentement.
Jésus autorise à ses disciples cet arrêt : « venez vous-mêmes à l’écart, dans un lieu désert, et reposez-vous un peu » (Marc 6, 31). Nul doute qu’il aspire, lui aussi, à ce repos : pas seulement pour se refaire, mais pour être enfin écouté : il a des choses à leur dire qui ne peuvent s’entendre que dans le repos.
Dans l’Écriture, le bonheur de Dieu nous est souvent présenté à travers la figure du repos – chose presque scandaleuse pour nous qui, si facilement, identifions le repos à l’ennui, et qui n’avons rien de plus pressé que de rouvrir notre portable pour y guetter le SMS ou le mail salvateur qui nous redonnera l’illusion de vivre en nous empêchant de goûter vraiment le repos.
En fait, nous voudrions à la fois nous reposer et ne pas quitter notre agitation, car elle nous met à l’abri des questions qui touchent au sens de notre vie. Il n’y a rien qui nous soit si contraire que le repos méditatif ou le repos contemplatif – qui sont pourtant, précisément, le repos en Dieu et le repos de Dieu.
« Dans ma colère, j’en ai fait le serment : jamais ils n’entreront dans mon repos. » La lettre aux Hébreux commente cette conclusion du psaume 94 en précisant la cause de cette sentence : la désobéissance. Si l’on se souvient que le verbe « obéir » a la même racine que le verbe « écouter », on en revient à la méditation et à la contemplation. Quel meilleur garde-fou pour ne pas mal agir que de rester dans le repos à l’écoute de Dieu ?
Durant cet été, je vous souhaite non seulement de vous reposer, mais de savoir vous reposer en Dieu, afin qu’il puisse murmurer à l’oreille de votre cœur le message qu’il vous destine. Saint Benoît, au début de sa Règle, fixe cet objectif à ceux qui veulent le suivre dans la vie monastique : « écoute, mon fils, la parole du maître, et ouvre l’oreille de ton cœur. »