Chronique du 1er décembre 2017
CEUX QU’IL VEUT PERDRE, JUPITER LES REND FOUS
D’où vient que des minorités continuent à être persécutées dans le monde ? La difficulté à accepter la différence ne date pas d’hier, mais on aurait pu espérer que notre époque, plus consciente que d’autres de ce que toute l’humanité a en commun, tirerait enfin les leçons du passé et tournerait le dos à de tels comportements. Il n’en est rien : la persécution des « Rohingyas » en Birmanie, où le Pape François a plaidé pour une « culture de la rencontre », nous en donne une nouvelle fois la preuve, et le suicide en plein tribunal d’un criminel de guerre condamné pour crime de purification ethnique ne vaut pas acquittement, même si une partie de l’opinion publique de son pays d’origine a paru manifester à son égard une compréhension déconcertante.
Ne serait-ce pas que l’humanité manque de réalisme sur elle-même ? Le discours chrétien sur le péché paraît ringard aux yeux de beaucoup, alors que sans cesse les comportements humains démontrent sa modernité. « Rien ne nous heurte plus rudement que cette doctrine », disait Blaise Pascal à propos du péché originel ; « et cependant sans ce mystère, le plus incompréhensible de tous, nous sommes incompréhensibles à nous-mêmes. » Mais qui lit encore Pascal ?
Certainement pas, en tout cas, le syndicat SUD-éducation-93 lorsqu’il appelait les « racisés », c’est-à-dire les victimes de discriminations racistes, à se réunir entre eux seuls en excluant la présence des autres : les femmes excluant les hommes, les noirs excluant les blancs. Réunions « non mixtes racisées » donc, comme les appellent les organisateurs, sous prétexte de lutter contre la non mixité sociale et raciale. Allez donc vous y reconnaître.
« Ceux qu’il veut perdre, disaient les Anciens, Jupiter les rend fous. » Peut-être bien que nous y sommes.