Chronique du 16 décembre 2017
Le temps de l’Avent est remarquablement bref, et ses étapes se succèdent à un rythme soutenu : évocation de la fin des temps le premier dimanche, annonce du Christ par Jean-Baptiste le deuxième et le troisième, et enfin, le dernier dimanche, annonce de sa première venue à Joseph (année A), à Marie (année B) ou à Élisabeth (année C).
Le premier et le dernier dimanche correspondent à deux affirmations fondamentales de notre foi : « il viendra » et « il est venu ». « Il viendra », c’est la fin des temps ; « il est venu », c’est Noël. Mais avons-nous bien songé aux deux dimanches intermédiaires ? Or ces deux dimanches centraux du temps de l’Avent nous aident à mettre le doigt sur un des grands défis, le plus grand peut-être, de notre vie chrétienne. Je m’explique.
Il n’est pas dérangeant de dire « il viendra » : « depuis le temps qu’on l’attend, diront certains, on sait que cette venue n’est pas pour demain ! » (ils se trompent gravement, mais c’est une autre histoire). Il n’est pas dérangeant non plus de dire « il est venu » : cela permet de faire des crèches (là où elles sont autorisées !) avec des pastoureaux, un âne et un bœuf, et de jolis moutons. Mais dire « il vient », alors là, c’est tout autre chose !
Dire « il vient », c’est la mission toujours actuelle de Jean-Baptiste. Jean-Baptiste ne parle pas au passé (« il est venu »), ni au futur (« il viendra »), mais toujours au présent. À ses contemporains et à chacun de nous, sans se lasser il répète : « il vient ! ». Et même : « il est là ! ». « Il est là au milieu de vous, et vous ne le voyez pas ! Il vient changer vos cœurs, et vous ne l’écoutez pas ! »
Raymond Devos, avec son incroyable profondeur spirituelle, en avait fait jadis un sketch :
« Je viens de lire sur un mur Une chose étonnante.
Quelqu’un avait écrit : "Jésus revient."
C’était écrit en toutes lettres : "Jésus revient !"
Vous vous rendez compte ? Jésus !
C’est important !
Jésus !
C’est le ciel !
Et les gens passaient à côté… indifférents : - Tiens ! Jésus revient ?
Il y en a même qui faisaient des réflexions désobligeantes : - Eh bien, il a mis du temps !
Et pourtant, si c’était vrai ? Si Jésus revenait ? Ce serait merveilleux !
"Jésus revient !" Il est là !
Où ?
Là ! »
Pour conclure cette chronique, j’ai failli écrire : « avant de nous préoccuper de Noël ou de la fin des temps, demandons-nous si nous entendons vraiment les paroles du Baptiste : il vient ! » Mais à la réflexion, je pense qu’il vaut mieux écrire : « pour célébrer Noël selon Dieu et attendre selon Dieu la fin des temps, demandons-nous ce que veut dire pour notre vie la parole du Baptiste : il vient ! Et aussi celle de Raymond Devos : il est là ! »