Chronique du 10 février 2017
UN MANUEL DE CAMPAGNE ÉLECTORALE
Il vient d’être réédité pour la modeste somme de 5 euros (éditions Arléa), ce « Manuel de campagne électorale ». Le bandeau de promotion annonce la couleur : « Candidats néophytes et hommes politiques chevronnés trouveront dans ce texte de judicieux conseils pour remporter les élections, du rôle de la poignée de main à la nécessité d’avoir des amis riches, en passant par les vertus du mensonge. » Qu’on en juge par ces quelques extraits :
« Ce qui est indispensable, écrit l’auteur, c’est de savoir flatter les électeurs, d’être assidu auprès d’eux, de se montrer généreux, de soigner sa réputation et de susciter, pour la manière dont on conduira les affaires de l’État, de vifs espoirs. »
Et encore : « Que tes concurrents sachent que tu les surveilles, que tu les observes : alors non seulement ils auront peur de ton activité, de ton prestige, de la puissance de ta parole, mais encore ils redouteront (…) que tu prépares leur mise en accusation. […]
Si nous agitons devant nos concurrents la menace d’un procès, si nous effrayons leurs trésoriers, ou d’une manière ou d’une autre nous faisons pression sur ceux qui les financent, [nous sommes assurés du succès]. »
Bref, pour réussir infailliblement en politique, il suffira de substituer à la présomption d’innocence une présomption de culpabilité permanente.
L’auteur de ces lignes ? Quintus Cicéron, écrivant à son frère Marcus Tullius Cicéron. C’était au premier siècle avant Jésus-Christ. Comme cette époque est éloignée de la nôtre ! Étant donné les progrès fulgurants que la conscience morale universelle a accomplis depuis, il va de soi que toute ressemblance, même lointaine, avec les coulisses des joutes politiques actuelles serait une pure coïncidence.