Chronique du 23 décembre 2016 — Diocèse de Blois

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Chronique du 23 décembre 2016

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IMPOSSIBLE AMITIÉ ?

Pour cette dernière chronique avant Noël je voudrais non seulement vous dire tous mes vœux, mais déjà risquer un souhait pour l’année à venir. Ce souhait peut paraître naïf, complètement décalé, scandaleux peut-être dans sa naïveté. Je l’exprime quand même.

Sur quel fondement souhaiterons-nous que nos relations s’établissent dans notre société, au seuil d’une année électorale qu’on peut craindre impitoyable ? Il me semble que nous pouvons, mieux, que nous devons souhaiter que ces relations soient fondées sur l’amitié. J’entends par là, non un épanchement affectif, mais cette dilatation du cœur qui nous ouvre à la différence et nous rend capables de nous écouter les uns les autres. Récemment, un débat à la radio m’a terrifié. Il y a avait là un représentant du mouvement des « Veilleurs » et un sympathisant de « Nuit debout ». Rencontre improbable, certes, mais dont il aurait pu résulter un  partage si riche entre deux manières de tenter d’ouvrir des voies nouvelles dans une société bloquée. Hélas, il n’en sortit que des insultes, lesquelles, il faut bien le dire, venaient exclusivement d’un des deux invités, et où, parmi d’autres noms d’oiseaux, celui de « représentant de l’extrême droite la plus nauséabonde » était un des plus gentils.

Nous gagnerions à relire ce qu’Aristote dit de l’amitié. Non seulement il voit en elle une vertu qui oriente les amis vers la poursuite du bien et du bonheur, mais aussi il ne craint pas de passer de l’amitié individuelle à l’amitié politique, car, écrit-il, « le bien est plus beau et plus divin appliqué à une cité » qu’à des particuliers : « Personne, écrit-il encore, ne choisirait de posséder tous les biens du monde pour en jouir seul, car l’homme est un être politique, et il est naturellement fait pour vivre en société ».

Nous y voilà : « l’amitié a une dimension politique, et la politique une dimension amicale » (M. Léna). Pour le dire autrement, sans quelque chose comme un pacte de confiance, la vie en société est tout simplement impossible. Si l’hystérisation des débats les fait aussitôt tourner court, comment pouvons-nous espérer ce respect élémentaire sans lequel notre coexistence n’a plus de société que le nom ? Et comment, si nous sommes chrétiens, pouvons-nous espérer cette transfiguration des amitiés humaines qui les conduit à Dieu dans le Christ ?

Selon Aristote toujours, il ne peut y avoir d’amitié entre méchants. Si cela est vrai, et si nous nous découvrons aujourd’hui incapables de vivre nos relations sur le mode de l’amitié, nous avons de bonnes raisons de nous inquiéter de ce que nous sommes devenus.

Et si nous osions demander à l’Enfant de la crèche de changer notre cœur ?

À tous, bon et saint Noël !

 

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