Messe de renouvellement de la consécration du diocèse de Blois à Notre Dame des Aydes
lundi de Pâques 13 avril
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HOMELIE A SAINT SATURNIN
POUR LE RENOUVELLEMENT DE LA CONSECRATION DU DIOCESE DE BLOIS A NOTRE DAME DES AYDES
Les huit jours de la semaine pascale se déroulent comme un seul jour. C’est ainsi que la fête de Pâques qui se prolonge tout au long de la semaine anticipe le dernier jour, celui de l’éternité, dans lequel nous entrerons quand le Christ reviendra dans la gloire.
Le jour de Pâques, le Christ ressuscité quitte le silence du tombeau et reprend la parole. Il parle à Marie-Madeleine en l’appelant par son nom ; il parle aux pèlerins d’Emmaüs en les interrogeant sur les raisons de leur tristesse et en leur expliquant les Écritures ; il parle aux Onze retranchés au Cénacle en leur disant « la Paix soit avec vous ».
Mais le Ressuscité n’est pas seul à parler. Très vite, l’Église relaie la parole du Seigneur et prend la parole à son tour. C’est l’Église qui confirme le témoignage des pèlerins d’Emmaüs en leur disant : « c’est bien vrai ! le Seigneur est ressuscité et il est apparu à Simon ! »
C’est sans doute pour cette raison que la liturgie nous transporte dès ce matin au jour de la Pentecôte, le jour de la venue de l’Esprit Saint et de la première prise de parole publique de l’Église. Par la bouche de Pierre, l’Église annonce au monde le Ressuscité.
Depuis 2000 ans, l’Église prend la parole pour annoncer le Christ, et c’est ce qui fait que sa parole est différente de toutes les autres. Quel que soit le sujet que l’Église aborde, sa mission est toujours la même : mettre en relation « les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des hommes de ce temps, des pauvres surtout et de tous ceux qui souffrent », avec la parole vivante du Christ vivant. Vous aurez reconnu les premiers mots d’un des textes les plus importants du Concile Vatican II, la Constitution sur l’Église dans le monde de ce temps. Les Pères du Concile ont voulu dès le début indiquer dans quel esprit ils prenaient la parole : « Les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des hommes de ce temps, des pauvres surtout et de tous ceux qui souffrent, sont aussi les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des disciples du Christ, et il n’est rien de vraiment humain qui ne trouve écho dans leur cœur. Leur communauté, en effet, s’édifie avec des hommes, rassemblés dans le Christ, conduits par l’Esprit-Saint dans leur marche vers le royaume du Père, et porteurs d’un message de salut qu’il leur faut proposer à tous. La communauté des chrétiens se reconnaît donc réellement et intimement solidaire du genre humain et de son histoire ».
Certes, cette solidarité vient d’abord de ce que nous sommes tous, croyants ou non, embarqués dans le même bateau, ce bateau si beau et si fragile qu’est notre terre. De ce point de vue, que nous le voulions ou non, nous partageons tous le même destin. La pandémie actuelle nous rappelle que nous sommes tous solidaires dans l’épreuve. Elle touche indistinctement les divers continents, les plus riches et les plus pauvres. Mais il y a loin de la solidarité de fait à la solidarité voulue et assumée : dans un bateau menacé de sombrer, la tentation du sauve-qui-peut est un très grand danger, et nous le ressentons en ce moment au niveau des États comme au niveau des individus. Il n’est pas sûr du tout que les plus nantis viennent en aide aux autres ; il n’est pas du tout sûr non plus que les plus avides de puissance ne cherchent pas à en tirer parti pour chercher à imposer leur volonté. L’humanité n’a pas encore trouvé la recette pour se réformer elle-même, et déjà pour avoir vraiment la volonté de se réformer. « Le cœur de l’homme est compliqué et malade » disait le prophète Jérémie (17, 5).
C’est pourquoi la solidarité dont parle le Concile va plus loin qu’un simple constat de fait. Le message de l’Évangile n’est d’abord un message de solidarité, c’est d’abord un message de salut. Dans le bateau menacé de sombrer, il y a Quelqu’un qui s’est librement solidarisé avec nous et qui a partagé notre condition humaine pour nous ouvrir le chemin vers lui. Dans le bateau, Jésus dormait au moment de la tempête dans l’évangile ; dans le tombeau, il dormait aussi du sommeil de la mort, mais ce sommeil ne signifiait pas que son amour pour nous s’était arrêté. Dans la puissance de la résurrection, cet amour vient nous chercher là où nous sommes, au fond du péché comme au fond de la détresse, et nous fait monter vers la Vie.
Le Christ ne vient pas d’abord nous délivrer de la souffrance et de la mort. Il vient d’abord changer notre cœur de pierre en cœur de chair, nous libérer du repliement sur nous-mêmes, nous rendre capables d’aimer. Alors, il nous devient possible de vivre autrement la souffrance et la mort, la nôtre et celle d’autrui. Alors le message de salut devient message de fraternité. Notre cœur s’élargit pour nous permettre de penser et d’agir à partir du Christ et non plus à partir de nous-mêmes.
C’est ce qui s’est passé pour Marie au pied de la croix. Son cœur, qui n’a jamais connu le mensonge ou l’égoïsme, s’est élargi aux dimensions de l’humanité tout entière lorsque le Christ l’a confiée au Disciple bien-aimé en lui disant : « voici ton Fils ». Dès ce moment, Marie a pris en charge l’humanité entière, et elle continue à l’accompagner tout au long de l’histoire par sa prière maternelle.
Aujourd’hui encore, comme elle l’a fait chaque fois qu’elle s’est manifestée à des pauvres et à des humbles, Marie nous dit qu’elle fait siens nos joies et nos espoirs, nos tristesses et nos angoisses, et qu’elle demeure réellement et intimement solidaire du genre humain et de son histoire. Comment pourrait-il en être autrement, puisque le Christ son Fils n’a pas déserté ce monde, mais continue son œuvre de salut tous les jours et jusqu’à la fin ?
Mais Marie, parce qu’elle nous aime du même amour que son Fils, nous invite aussi à la conversion et à la pénitence. Parce que son Fils ne veut pas nous sauver sans nous, elle nous invite à coopérer à notre salut. Parce que son Fils s’est fait notre frère, elle nous appelle à nous faire les frères et les sœurs les uns des autres.
Si nous nous consacrons à la Vierge Marie comme nous le faisons en ce jour, nous ne nous dessaisissons pas de notre responsabilité. Marie nous dit : « n’aie pas peur, je prie pour toi, fais maintenant ce que tu as à faire ». Le beau titre de « Notre Dame des Aydes » que la Vierge Marie reçoit dans cette église de pèlerinage, exprime parfaitement cela : elle n’est pas là pour se substituer à nous, elle est là pour nous aider. Sa foi ne remplace pas la nôtre, elle la renforce et la fait grandir. Sa protection ne s’exerce pas de manière magique, mais par la force de sa prière elle nous obtient les grâces dont nous avons besoin pour faire ce que nous avons à faire.
C’est ainsi que « les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des hommes de ce temps, des pauvres surtout et de tous ceux qui souffrent, sont aussi les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses » de la Vierge Marie dans son éternité de bonheur auprès de Dieu, et « des disciples du Christ » dans leur pèlerinage sur la terre.
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RENOUVELLEMENT DE LA CONSÉCRATION DU DIOCÈSE DE BLOIS À NOTRE-DAME DES AYDES
Le 8 septembre 1931, Monseigneur Audollent, évêque de Blois, renouvelant le vœu des Échevins du 8 septembre 1631, a consacré solennellement dans cette église son diocèse à Notre-Dame des Aydes.
En ce lundi de Pâques 2020, moi Jean-Pierre Batut, évêque de Blois, je viens renouveler ici cette consécration en communion avec l’ensemble des diocésains, prêtres, diacres, religieux, religieuses, consacrés et fidèles laïcs.
Notre Dame des Aydes, protectrice de notre cité et de notre diocèse, nous venons à vous en nous rappelant votre bonté à notre égard, pour vous dire notre reconnaissance et nous consacrer à vous.
Puisque nos ancêtres, il y a bientôt quatre siècles, se sont engagés à faire mémoire chaque année de vos bienfaits ; puisque notre diocèse tout entier vous a été consacré le 8 septembre 1931, nous renouvelons aujourd’hui cette promesse et cette consécration.
En demandant pardon à Dieu pour nos infidélités et nos péchés, nous vous prions de continuer à manifester votre tendresse maternelle et à dispenser sur vos enfants les grâces venues de Dieu.
Vous qui êtes vénérée en ce lieu de pèlerinage sous le titre de Notre-Dame des Aydes, c’est votre aide que nous venons solliciter aujourd’hui, dans la détresse où sommes.
Nous n’oublions pas qu’au cours de notre histoire vous avez écarté les intempéries, les ouragans, les inondations et bien d’autres fléaux, tout particulièrement l’épidémie de peste qui menaçait la ville et le pays entre 1629 et 1631.
Par le renouvellement de la consécration réalisée autrefois, nous implorons à nouveau votre intercession devant la pandémie qui menace en ces jours l’humanité tout entière.
O sainte Vierge Marie, secourez les malades, assistez les mourants, redonnez espérance aux familles, soutenez le courage et le dévouement des soignants et de tous ceux qui s’engagent pour aider les personnes en difficulté. Venez en aide tout particulièrement aux populations et aux pays les plus vulnérables et qui n’ont pas d’équipements sanitaires suffisants pour faire face à la pandémie. Gardez-nous aussi des désastreuses conséquences sociales et humaines que pourrait avoir le drame que nous traversons. Suscitez dans nos cœurs un esprit de solidarité et de service qui nous fasse répondre à toute situation de détresse par une fraternité renouvelée.
Obtenez-nous enfin, sainte Vierge Marie, un regain de foi, d’espérance et de charité. Que notre diocèse connaisse un renouveau d’esprit missionnaire et d’annonce de l’Évangile, de nouvelles vocations sacerdotales et consacrées ainsi que des foyers chrétiens rayonnants.
Secourez-nous tous, ô Notre Dame des Aydes ! Et mettez en nous un grand désir d’être associés un jour, dans le ciel, à votre gloire ! Amen.
Sous votre garde nous nous réfugions, sainte Mère de Dieu.
Ne refusez pas la prière de vos enfants en détresse,
Mais délivrez-nous de tout danger : ô toujours vierge, glorieuse et bénie !
(La prière la plus ancienne à la Vierge Marie, datée du IIIe siècle et retrouvée sur un papyrus égyptien en 1938)
