25e dimanche B - 22 septembre 2024
Première lecture (Is 50, 5-9a)
Le Seigneur mon Dieu m’a ouvert l’oreille, et moi, je ne me suis pas révolté, je ne me suis pas dérobé. J’ai présenté mon dos à ceux qui me frappaient, et mes joues à ceux qui m’arrachaient la barbe. Je n’ai pas caché ma face devant les outrages et les crachats. Le Seigneur mon Dieu vient à mon secours ; c’est pourquoi je ne suis pas atteint par les outrages, c’est pourquoi j’ai rendu ma face dure comme pierre : je sais que je ne serai pas confondu. Il est proche, Celui qui me justifie. Quelqu’un veut-il plaider contre moi ? Comparaissons ensemble ! Quelqu’un veut-il m’attaquer en justice ? Qu’il s’avance vers moi ! Voilà le Seigneur mon Dieu, il prend ma défense ; qui donc me condamnera ?
– Parole du Seigneur.
Psaume (Ps 114 (116 A), 1-2, 3-4, 5-6, 8-9)
J’aime le Seigneur : il entend le cri de ma prière ; il incline vers moi son oreille : toute ma vie, je l’invoquerai. J’étais pris dans les filets de la mort, retenu dans les liens de l’abîme, j’éprouvais la tristesse et l’angoisse ; j’ai invoqué le nom du Seigneur : « Seigneur, je t’en prie, délivre-moi ! » Le Seigneur est justice et pitié, notre Dieu est tendresse. Le Seigneur défend les petits : j’étais faible, il m’a sauvé. Il a sauvé mon âme de la mort, gardé mes yeux des larmes et mes pieds du faux pas. Je marcherai en présence du Seigneur sur la terre des vivants.
Deuxième lecture (Jc 2, 14-18)
Mes frères, si quelqu’un prétend avoir la foi, sans la mettre en œuvre, à quoi cela sert-il ? Sa foi peut-elle le sauver ? Supposons qu’un frère ou une sœur n’ait pas de quoi s’habiller, ni de quoi manger tous les jours ; si l’un de vous leur dit : « Allez en paix ! Mettez-vous au chaud, et mangez à votre faim ! » sans leur donner le nécessaire pour vivre, à quoi cela sert-il ? Ainsi donc, la foi, si elle n’est pas mise en œuvre, est bel et bien morte. En revanche, on va dire : « Toi, tu as la foi ; moi, j’ai les œuvres. Montre-moi donc ta foi sans les œuvres ; moi, c’est par mes œuvres que je te montrerai la foi. »
– Parole du Seigneur.
Évangile (Mc 8, 27-35)
En ce temps-là, Jésus s’en alla, ainsi que ses disciples, vers les villages situés aux environs de Césarée-de-Philippe. Chemin faisant, il interrogeait ses disciples : « Au dire des gens, qui suis-je ? » Ils lui répondirent : « Jean le Baptiste ; pour d’autres, Élie ; pour d’autres, un des prophètes. » Et lui les interrogeait : « Et vous, que dites-vous ? Pour vous, qui suis-je ? » Pierre, prenant la parole, lui dit : « Tu es le Christ. »
Alors, il leur défendit vivement de parler de lui à personne. Il commença à leur enseigner qu’il fallait que le Fils de l’homme souffre beaucoup, qu’il soit rejeté par les anciens, les grands prêtres et les scribes, qu’il soit tué, et que, trois jours après, il ressuscite. Jésus disait cette parole ouvertement. Pierre, le prenant à part, se mit à lui faire de vifs reproches. Mais Jésus se retourna et, voyant ses disciples, il interpella vivement Pierre : « Passe derrière moi, Satan ! Tes pensées ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes. » Appelant la foule avec ses disciples, il leur dit : « Si quelqu’un veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive. Car celui qui veut sauver sa vie la perdra ; mais celui qui perdra sa vie à cause de moi et de l’Évangile la sauvera. »
– Acclamons la Parole de Dieu.
Le mystère de la Foi.
La lettre de saint Jacques, dans la seconde lecture, nous parle à six reprises de la foi, une foi qui ne peut sauver que si elle se vit en actes et ne se contente pas de belles paroles. La foi en Christ est aussi au cœur du dialogue entre Pierre et Jésus : quelle est la foi qui sauve ? La foi est au cœur aussi de la prière du serviteur souffrant, dans le chant du serviteur en Is 50 : sa foi lui permet de supporter l’épreuve. Aujourd’hui, les textes de la liturgie nous interrogent sur notre foi et sur son rapport au monde et à Dieu.
I/ Isaïe 50 : La foi ne dispense pas de l’épreuve et de la souffrance.
Is 50 fait partie des 4 ou 5 chants du serviteur qui rythment le second livre d’Isaïe. Ce serviteur prend dans le second Isaïe des figures diverses : un roi Ezéchias, l’Emmanuel), un fils de prophète, un prêtre, le peuple Jacob/Israël, un messie. Dans la Bible, le serviteur est par excellence l’homme de Dieu, l’homme de la Foi. Il peut être patriarche, roi, prophète, prêtre, petit ou pauvre. Quel que soit son état de vie, il est celui qui met sa confiance et sa foi dans le Seigneur. Sa foi est mise à l’épreuve et marquée par les vicissitudes de la vie : problèmes familiaux, maladie, mort, exil, esclavage. La foi ne protège pas de la vie et ne met pas à l’écart des problèmes et des soucis de la vie. La foi aide à comprendre la vie, à l’accepter et à essayer d’aller de l’avant. La foi peut abattre les montagnes mais elle ne les supprime pas. La foi donne sens, donne une direction. Elle est une aide, un soutien, un réconfort, une consolation, une espérance. Elle dit que la mort, le péché, la maladie, la souffrance ne sont pas plus forts que la vie, l’amour, le pardon et que Dieu sauve toujours celui qui a foi en lui.
II/ Marc 8 : La foi passe par la mort.
La foi chrétienne repose sur un paradoxe qui relève de l’expérience humaine. Celui qui veut vivre doit accepter de mourir. Notre vie est marquée des morts successives : le passage de l’enfance à l’adolescence, de l’adolescence à l’âge adulte, le mariage, la retraite, la maladie. La foi nous dit que ces morts sont nécessaires pour que la vie puisse se poursuivre. La nature autour de nous ne dit pas le contraire, elle est un cycle continuel de mort et de renaissance au fil des saisons. La foi chrétienne dit que la vie est plus forte que la mort et même que la mort corporelle. On ne peut figer le temps et la vie, celle-ci est un fleuve sur lequel la foi nous aide à naviguer. Vouloir figer le temps et la vie, comme Pierre, c’est une tentation naturelle mais c’est refuser la vie même, refuser Dieu.
III/ Jacques 2 : La foi doit être vivante.
La foi s’oppose à la mort, elle est puissance de vie. Saint Jacques nous rappelle que la foi n’est pas destinée à être enfermée dans une église ou une prière mais qu’elle doit irriguer notre cœur et nous ouvrir à l’autre et à Dieu, nous plonger dans le fleuve même de la vie. Saint Jacques souligne le paradoxe de la foi. La foi n’enferme pas sur soi-même ; elle est relation, comme la relation trinitaire, elle est vie en actes. Une foi qui ne se traduit pas en vie et ne débouche pas sur un monde plus juste et plus paisible, est une foi morte.
La foi se nourrit de la prière, de l’abandon à l’amour de Dieu, de l’eucharistie et elle se vit dans l’amour du prochain et dans le monde. La foi est une chose merveilleuse qui donne force et vie. Elle nous révèle à nous même l’amour de Dieu et l’être merveilleux que nous sommes pour nous faire vivre de la vie même de Dieu et partager cette vie autour de nous.
N’ayons pas peur de la mort, ni des épreuves et de la souffrance, la foi en Christ nous aide à les surmonter et à les dépasser. Est-ce facile ? Oui et non car il nous faut mourir à nos certitudes, à nos égoïsmes, à notre orgueil et à notre péché pour que cette foi produise tous ses fruits en nous. Mais cela en vaut la peine et change la vie quelque soient les épreuve qui la jalonne
Damien Stampers
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