Noël - messe de nuit - 24 décembre 2020
Première lecture (Is 9, 1-6)
Le peuple qui mDeuxième lecture (Tt 2, 11-14)
Bien-aimé, la grâce de Dieu s’est manifestée pour le salut de tous les hommes. Elle nous apprend à renoncer à l’impiété et aux convoitises de ce monde, et à vivre dans le temps présent de manière raisonnable, avec justice et piété, attendant que se réalise la bienheureuse espérance : la manifestation de la gloire de notre grand Dieu et Sauveur, Jésus Christ. Car il s’est donné pour nous afin de nous racheter de toutes nos fautes, et de nous purifier pour faire de nous son peuple, un peuple ardent à faire le bien. – Parole du Seigneur.
Évangile (Lc 2, 1-20)
En ces jours-là, parut un édit de l’empereur Auguste, ordonnant de recenser toute la terre – ce premier recensement eut lieu lorsque Quirinius était gouverneur de Syrie. Et tous allaient se faire recenser, chacun dans sa ville d’origine. Joseph, lui aussi, monta de Galilée, depuis la ville de Nazareth, vers la Judée, jusqu’à la ville de David appelée Bethléem. Il était en effet de la maison et de la lignée de David. Il venait se faire recenser avec Marie, qui lui avait été accordée en mariage et qui était enceinte. Or, pendant qu’ils étaient là, le temps où elle devait enfanter fut accompli. Et elle mit au monde son fils premier-né ; elle l’emmaillota et le coucha dans une mangeoire, car il n’y avait pas de place pour eux dans la salle commune. Dans la même région, il y avait des bergers qui vivaient dehors et passaient la nuit dans les champs pour garder leurs troupeaux. L’ange du Seigneur se présenta devant eux, et la gloire du Seigneur les enveloppa de sa lumière. Ils furent saisis d’une grande crainte. Alors l’ange leur dit : « Ne craignez pas, car voici que je vous annonce une bonne nouvelle, qui sera une grande joie pour tout le peuple : Aujourd’hui, dans la ville de David, vous est né un Sauveur qui est le Christ, le Seigneur. Et voici le signe qui vous est donné : vous trouverez un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire. » Et soudain, il y eut avec l’ange une troupe céleste innombrable, qui louait Dieu en disant : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes, qu’Il aime. »
Lorsque les anges eurent quitté les bergers pour le ciel, ceux-ci se disaient entre eux : « Allons jusqu’à Bethléem pour voir ce qui est arrivé, l’événement que le Seigneur nous a fait connaître. » Ils se hâtèrent d’y aller, et ils découvrirent Marie et Joseph, avec le nouveau-né couché dans la mangeoire. Après avoir vu, ils racontèrent ce qui leur avait été annoncé au sujet de cet enfant. Et tous ceux qui entendirent s’étonnaient de ce que leur racontaient les bergers. Marie, cependant, retenait tous ces événements et les méditait dans son cœur. Les bergers repartirent ; ils glorifiaient et louaient Dieu pour tout ce qu’ils avaient entendu et vu, selon ce qui leur avait été annoncé.
– Acclamons la Parole de Dieu.
Se laisser émerveiller.
« Un enfant nous est né, un fils nous a été donné. » Les paroles du livret de l’Emmanuel (Is 7-11), au début du livre d’Isaïe, nous appellent à nous réjouir de la naissance d’un enfant, l’Emmanuel, Dieu avec nous. Le nom de cet enfant dans l’Ancien Testament était déjà une bonne nouvelle et contenait toute la joie de Noël : au cœur de la nuit, au cœur des ténèbres, au milieu des difficultés et des angoisses, Dieu est Emmanuel, il est avec nous.
Cet enfant est fils de David nous dit Isaïe. Ce sera la figure du roi Ezéchias en Is 7. La figure d’un fils de prophète en Is 8 et celle du messie (Christ en grec) en Is 9, notre première lecture de ce soir. L’Emmanuel au cours des siècles de la rédaction du livre d’Isaïe est donc successivement roi, prophète et Messie. En Is 9, il est donc le Messie, celui qui vient pour instaurer un royaume de justice et de paix. Il est signe pour nous de « l’amour jaloux du Seigneur de l’univers » Il est le sauveur de son peuple, le Dieu fort, le Prince de la paix, le Père à jamais.
Tout ce que dit le prophète Isaïe en parlant de l’Emmanuel, il nous est donné de le contempler dans l’évangile de Luc, dans le récit de la nativité, dans la personne de Jésus, le nouveau-né emmailloté sur la paille. L’enfant de la crèche est cet Emmanuel, roi, prophète et messie du livre d’Isaïe. C’est ce que l’évangile de Luc nous dit à travers le récit de la nativité en reprenant les images du prophète Isaïe sur l’Emmanuel sauveur de son peuple et en l’inscrivant dans l’Histoire de l’humanité.
La crèche dans l’évangile de Luc est signe de foi. Elle est relecture de tout l’Ancien Testament.
Pour saint François, elle était une catéchèse en acte. Une catéchèse qui disait, à travers la reconstitution d’une crèche vivante, que Dieu était bien présent parmi nous aujourd’hui et non pas hier. Par une crèche vivante avec les habitants du village qui tenaient les rôles des personnages de l’évangile, saint François invitait à redécouvrir que c’est bien aujourd’hui que Dieu est avec nous, que c’est bien aujourd’hui qu’il vient illuminer notre nuit. C’est aujourd’hui que s’accomplissent Is 7, Is 8 et Is 9. Il n’y a rien de plus prophétique que la crèche Au même titre que la croix, elle est signe visible d’un Dieu qui se donne et s’offre à notre humanité pour la sauver et la transformer.
Dans la crèche, je reconnais en ce petit enfant fragile toute la puissance et tout l’amour de Dieu à l’œuvre dans l’histoire et dans le monde. Et ce que je vois est pour moi source d’émerveillement et de joie, source de foi et d’espérance. C’est aussi source de charité et d’amour. Dans la pastorale des santons de Provence, ce petit enfant transforme le cœur de tous les habitants du village : le policier relâche le bougnan qui a volé une poule. Le meunier retrouve sa femme et l’envie de travailler. Mireille peut enfin épouser celui que son cœur aime. L’émerveillement devant l’enfant transforme le cœur de chacun. Est-ce un conte ? Une tradition ? Du folklore ? Tout cela et beaucoup plus, il ne tient qu’à nous de nous laisser toucher et émerveiller à notre tour et de faire en sorte que cela devienne réalité pour aujourd’hui.
A Noël, il nous est demandé de retrouver une âme d’enfant, une âme capable de s’émerveiller et de s’ouvrir à l’amour de Dieu présent en nous et parmi nous. Tout cela nous invite à la foi, à l’espérance et à la charité.
Que cette nuit de Noël ne soit pas une nuit de tradition mais bien une expérience de foi où chacun d’entre nous vient adorer et s’émerveiller de cette présence de Dieu dans le monde, où chacun pourra vivre de la vie même de Dieu en recevant le corps du Christ.
Damien Stampers
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