6ème dimanche A - 16 février 2020 — Diocèse de Blois

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Diocèse de Blois

6ème dimanche A - 16 février 2020

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Première lecture (Si 15, 15-20)

Si tu le veux, tu peux observer les commandements, il dépend de ton choix de rester fidèle. Le Seigneur a mis devant toi l’eau et le feu : étends la main vers ce que tu préfères. La vie et la mort sont proposées aux hommes, l’une ou l’autre leur est donnée selon leur choix. Car la sagesse du Seigneur est grande, fort est son pouvoir, et il voit tout. Ses regards sont tournés vers ceux qui le craignent, il connaît toutes les actions des hommes. Il n’a commandé à personne d’être impie, il n’a donné à personne la permission de pécher. – Parole du Seigneur. 

Psaume (Ps 118 (119), 1-2, 4-5, 17-18, 33-34)

Heureux les hommes intègres dans leurs voies qui marchent suivant la loi du Seigneur ! Heureux ceux qui gardent ses exigences, ils le cherchent de tout cœur ! Toi, tu promulgues des préceptes à observer entièrement. Puissent mes voies s’affermir à observer tes commandements ! Sois bon pour ton serviteur, et je vivrai, j’observerai ta parole. Ouvre mes yeux, que je contemple les merveilles de ta loi. Enseigne-moi, Seigneur, le chemin de tes ordres ; à les garder, j’aurai ma récompense. Montre-moi comment garder ta loi, que je l’observe de tout cœur. 

Deuxième lecture (1 Co 2, 6-10)

Frères, c’est bien de sagesse que nous parlons devant ceux qui sont adultes dans la foi, mais ce n’est pas la sagesse de ce monde, la sagesse de ceux qui dirigent ce monde et qui vont à leur destruction. Au contraire, ce dont nous parlons, c’est de la sagesse du mystère de Dieu, sagesse tenue cachée, établie par lui dès avant les siècles, pour nous donner la gloire. Aucun de ceux qui dirigent ce monde ne l’a connue, car, s’ils l’avaient connue, ils n’auraient jamais crucifié le Seigneur de gloire. Mais ce que nous proclamons, c’est, comme dit l’Écriture : ce que l’œil n’a pas vu, ce que l’oreille n’a pas entendu, ce qui n’est pas venu à l’esprit de l’homme, ce que Dieu a préparé pour ceux dont il est aimé. Et c’est à nous que Dieu, par l’Esprit, en a fait la révélation. Car l’Esprit scrute le fond de toutes choses, même les profondeurs de Dieu. – Parole du Seigneur. 

Évangile (Mt 5, 17-37)

En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Ne pensez pas que je sois venu abolir la Loi ou les Prophètes : je ne suis pas venu abolir, mais accomplir. Amen, je vous le dis : Avant que le ciel et la terre disparaissent, pas un seul iota, pas un seul trait ne disparaîtra de la Loi jusqu’à ce que tout se réalise. Donc, celui qui rejettera un seul de ces plus petits commandements, et qui enseignera aux hommes à faire ainsi, sera déclaré le plus petit dans le royaume des Cieux. Mais celui qui les observera et les enseignera, celui-là sera déclaré grand dans le royaume des Cieux. Je vous le dis en effet : Si votre justice ne surpasse pas celle des scribes et des pharisiens, vous n’entrerez pas dans le royaume des Cieux. Vous avez appris qu’il a été dit aux anciens : Tu ne commettras pas de meurtre, et si quelqu’un commet un meurtre, il devra passer en jugement. Eh bien ! moi, je vous dis : Tout homme qui se met en colère contre son frère devra passer en jugement. Si quelqu’un insulte son frère, il devra passer devant le tribunal. Si quelqu’un le traite de fou, il sera passible de la géhenne de feu. Donc, lorsque tu vas présenter ton offrande à l’autel, si, là, tu te souviens que ton frère a quelque chose contre toi, laisse ton offrande, là, devant l’autel, va d’abord te réconcilier avec ton frère, et ensuite viens présenter ton offrande. Mets-toi vite d’accord avec ton adversaire pendant que tu es en chemin avec lui, pour éviter que ton adversaire ne te livre au juge, le juge au garde, et qu’on ne te jette en prison. Amen, je te le dis : tu n’en sortiras pas avant d’avoir payé jusqu’au dernier sou. Vous avez appris qu’il a été dit : Tu ne commettras pas d’adultère. Eh bien ! moi, je vous dis : Tout homme qui regarde une femme avec convoitise a déjà commis l’adultère avec elle dans son cœur. Si ton œil droit entraîne ta chute, arrache-le et jette-le loin de toi, car mieux vaut pour toi perdre un de tes membres que d’avoir ton corps tout entier jeté dans la géhenne. Et si ta main droite entraîne ta chute, coupe-la et jette-la loin de toi, car mieux vaut pour toi perdre un de tes membres que d’avoir ton corps tout entier qui s’en aille dans la géhenne. Il a été dit également : Si quelqu’un renvoie sa femme, qu’il lui donne un acte de répudiation. Eh bien ! moi, je vous dis : Tout homme qui renvoie sa femme, sauf en cas d’union illégitime, la pousse à l’adultère ; et si quelqu’un épouse une femme renvoyée, il est adultère. Vous avez encore appris qu’il a été dit aux anciens : Tu ne manqueras pas à tes serments, mais tu t’acquitteras de tes serments envers le Seigneur. Eh bien ! moi, je vous dis de ne pas jurer du tout, ni par le ciel, car c’est le trône de Dieu, ni par la terre, car elle est son marchepied, ni par Jérusalem, car elle est la Ville du grand Roi. Et ne jure pas non plus sur ta tête, parce que tu ne peux pas rendre un seul de tes cheveux blanc ou noir. Que votre parole soit ‘oui’, si c’est ‘oui’, ‘non’, si c’est ‘non’. Ce qui est en plus vient du Mauvais. » – Acclamons la Parole de Dieu.

 

Les deux voies.

Le sermon sur la montagne dans l’évangile de saint Matthieu n’est pas un texte facile à entendre, c’est une parole dure et tranchante qui vient pénétrer au plus profond du cœur de chacun. Il est bon de réentendre la radicalité du langage évangélique et de ce que cela signifie de suivre le Christ. Est-ce là la nouveauté que nous apporte Jésus ? En fait, Jésus ne fait que reprendre une vieille leçon de l’AT : les deux voies.

 

I/ « La vie et la mort sont proposées aux hommes. » Un choix évident ?

Les deux voies sont un classique du langage de l’Alliance et de l’AT : suivre Dieu et entrer dans l’Alliance c’est prendre le chemin de la vie, refuser de suivre Dieu et d’entrer dans l’Alliance, c’est emprunter le chemin de la mort. Comme le dit Ben Sirac, il y a un choix à faire entre la vie et la mort. A priori, la réponse est aisée, qui d’entre nous ne choisirait la vie à la place de la mort ?

Mais dans la Bible, la Parole est performative, c’est-à-dire qu’elle se traduit dans le concret de la vie et doit produire des actes. Il ne suffit pas de dire « Je choisis la vie », pour entrer dans la vie, il faut aussi que notre vie soit le reflet du oui à la vie que je viens de dire. Que votre oui soit oui et que votre non soit non, il n’y a pas d’alternative ou de voie médiane. Je ne peux pas dire oui au Seigneur et ne jamais prier, aller à la messe, vivre des sacrements et de l’Esprit Saint car alors j’aurais dit oui à la vie mais je vivrais comme si j’étais mort. Le croyant non pratiquant ne rentre pas dans la case des deux voies.

Je ne peux pas dire oui à la vie et continuer à être raciste, antisémite, homophobe, islamophobe (tous les phobes que l’on veut), menteur, égoïste, orgueilleux, avare, adultère, voleur, plein de haine, de violence et de refus de pardonner, car ma vie signifie que j’ai choisi le chemin de ma mort et contredit mon choix. Ma prière ne peut être exaucée si je suis dans la mort. Venir voir le prêtre ou Dieu sans rien changer à sa vie ne sert à rien.

II/ Les apparences sont trompeuses.

Par ailleurs, les apparences sont trompeuse, comme le dit Paul, la sagesse du mystère de Dieu n’est pas la sagesse de ce monde. Ce qui nous semble le chemin de la vie est bien souvent chemin de mort et ce qui nous paraît chemin de mort est chemin de vie. Adam croit choisir la vie en plénitude en voulant tout et il se retrouve avec rien. « Qui veut sauver sa vie la perdra » dit Jésus. Le chemin de la vie en Dieu passe par la croix et la mort, c’est là tout le paradoxe de la vie chrétienne. Vivre avec le Christ c’est mourir à soi-même, c’est se faire serviteur et non point maître, c’est se faire petit alors que l’on veut être grand. Choisir n’est donc pas si facile, ni si évident, sinon la Bible ne serait pas si épaisse et ne relaterait pas tous les mauvais choix faits par l’homme.

 

III/ Faut-il désespérer ?

Choisir la mort semble bien souvent plus évident que de choisir la vie et à la lecture du sermon sur la montagne on peut se sentir dépassé et désemparé. Pourtant le chemin que propose le Christ, si il est exigeant, s’il demande de mourir à son péché, à son égoïsme, à sa tiédeur et à ses convoitises, est aussi le chemin qui conduit à la vie et au bonheur. Ce chemin est le chemin de l’amour sans limites et sans restrictions, le chemin du pardon, le chemin de l’ouverture au prochain, surtout le plus petit. Jésus nous dit que l’on ne peut aimer à moitié, que l’on ne peut vivre à moitié, que l’on ne peut le suivre à moitié. Il faut aller à la messe et vivre de l’amour du prochain. Il faut recevoir le pardon et le donner. Suivre le Christ c’est prendre tout et ce tout c’est l’amour et la joie de vivre en Dieu comme enfants de Dieu. C’est un chemin plein d’espérance et de bonheur. Dieu veut le meilleur pour nous mais il ne peut nous le donner que si nous le choisissons lui et lui seul. Sachons prendre le chemin de la vie, notre cœur saura bien nous guider sous la conduite de l’Esprit Saint et avec la lumière de la Parole de Dieu.

P. Damien Stampers.