Ascension du Seigneur - 10 mai 2018 — Diocèse de Blois

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Diocèse de Blois

Ascension du Seigneur - 10 mai 2018

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1ère lecture : Ac 1, 1-11

Cher Théophile, dans mon premier livre j’ai parlé de tout ce que Jésus a fait et enseigné depuis le moment où il commença, jusqu’au jour où il fut enlevé au ciel, après avoir, par l’Esprit Saint, donné ses instructions aux Apôtres qu’il avait choisis. C’est à eux qu’il s’est présenté vivant après sa Passion ; il leur en a donné bien des preuves, puisque, pendant quarante jours, il leur est apparu et leur a parlé du royaume de Dieu. Au cours d’un repas qu’il prenait avec eux, il leur donna l’ordre de ne pas quitter Jérusalem, mais d’y attendre que s’accomplisse la promesse du Père. Il déclara : « Cette promesse, vous l’avez entendue de ma bouche : alors que Jean a baptisé avec l’eau, vous, c’est dans l’Esprit Saint que vous serez baptisés d’ici peu de jours. » Ainsi réunis, les Apôtres l’interrogeaient : « Seigneur, est-ce maintenant le temps où tu vas rétablir le  Royaume pour Israël ? » Jésus leur répondit : « Il ne vous appartient pas de connaître les temps et les moments que le Père a fixés de sa propre autorité. Mais vous allez recevoir une force quand le Saint-Esprit viendra sur vous ; vous serez alors mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre. » Après ces paroles, tandis que les Apôtres le regardaient, il s’éleva, et une nuée vint le soustraire à leurs yeux. Et comme ils fixaient encore le ciel où Jésus s’en allait, voici que, devant eux, se tenaient deux hommes en vêtements blancs, qui leur dirent : « Galiléens, pourquoi restez-vous là à regarder vers le ciel ? Ce Jésus qui a été enlevé au ciel d’auprès de vous, viendra de la même manière que vous l’avez vu s’en aller vers le ciel. »

Commentaire :

Dans le Nouveau Testament, il y a deux manières principales pour parler de ce qui est advenu à Jésus après sa mort. D’une part, Jésus est ressuscité, littéralement « Jésus s’est éveillé » ou « Jésus s’est levé » ; d’autre part, Jésus a été exalté, glorifié, il est monté. La première formule a l’avantage de montrer que le ressuscité, c’est bien celui qui a été crucifié ; il y a continuité entre les deux. Elle risque cependant de donner l’impression que la résurrection serait un simple retour en arrière. La deuxième formule a l’avantage de bien montrer la nouveauté radicale du ressuscité ; il est désormais près du Père, « assis à la droite de Dieu. »

Luc est le seul évangéliste à mettre en récit cette affirmation théologique pour bien montrer que l’exaltation de Jésus, si elle échappe à la perception historique, n’en demeure pas moins une action qui advient à un moment du temps pour celui qui est venu partager l’histoire humaine.

Luc donne à ses lecteurs deux perspectives différentes : dans l’évangile (lu l’année C), l’exaltation est perçue comme le couronnement de l’histoire humaine de Jésus : sa trajectoire commencée avec l’Incarnation se termine auprès du Père. Dans les Actes des apôtres, l’exaltation de Jésus est décrite dans ses conséquences pour l’Église : elle ouvre le temps d’une présence non plus directe et physique mais par l’Esprit. Chaque disciple est donc appelé à se laisser conduire par l’Esprit pour annoncer de manière responsable et inventive la Bonne nouvelle de Jésus Christ.

François Brossier

 

2ème lecture : Ep 4, 1-16

Frères, moi qui suis en prison à cause du Seigneur, je vous exhorte donc à vous conduire d’une manière digne de votre vocation : ayez beaucoup d’humilité, de douceur et de patience, supportez-vous les uns les autres avec amour ; ayez soin de garder l’unité dans l’Esprit par le lien de la paix. Comme votre vocation vous a tous appelés à une seule espérance, de même il y a un seul Corps et un seul Esprit. Il y a un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême, un seul Dieu et Père de tous, au-dessus de tous, par tous, et en tous. À chacun d’entre nous, la grâce a été donnée selon la mesure du don fait par le Christ. C’est pourquoi l’Écriture dit : Il est monté sur la hauteur, il a capturé des captifs, il a fait des dons aux hommes. Que veut dire : Il est monté ?
– Cela veut dire qu’il était d’abord descendu dans les régions inférieures de la terre. Et celui qui était descendu est le même qui est monté au-dessus de tous les cieux pour remplir l’univers. Et les dons qu’il a faits, ce sont les Apôtres, et aussi les prophètes, les évangélisateurs, les pasteurs et ceux qui enseignent. De cette manière, les fidèles sont organisés pour que les tâches du ministère soient accomplies et que se construise le corps du Christ, jusqu’à ce que nous parvenions tous ensemble à l’unité dans la foi et la pleine connaissance du Fils de Dieu, à l’état de l’Homme parfait, à la stature du Christ dans sa plénitude.

Commentaire :

C’est un texte difficile car il fait appel aux traditions juives du temps de Jésus concernant le verset 19 du Psaume 68 cité ici Il est monté sur la hauteur, emmenant des prisonniers, il a fait des dons aux hommes. Ce verset avait été compris à l’époque de Jésus comme faisant allusion à Moïse montant sur la montagne du Sinaï pour recevoir le don de la Loi donnée par Dieu descendant du ciel ; les prisonniers étant les anges chargés de veiller à la pleine obéissance aux commandements de la Loi.

Jésus porte à sa perfection ce qui était annoncé dans le Psaume. Il est à la fois celui qui est descendu du ciel comme Dieu venant à la rencontre de Moïse et il est comme Moïse montant dans les hauteurs faisant prisonniers ceux qui comptabilisaient les péchés des hommes. On retrouve cette idée dans la lettre aux Colossiens 2,14-15 14  Jésus a annulé le document accusateur que les commandements retournaient contre nous, il l’a fait disparaître, il l’a cloué à la croix, il a dépouillé les Autorités et les Pouvoirs (les anges accusateurs), il les a publiquement livrés en spectacle, il les a traînés dans le cortège triomphal de la croix. Et ce qu’il a donné aux hommes, ce n’est plus la Loi de Moïse mais les charismes : Et les dons qu’il a faits aux hommes, ce sont d’abord les Apôtres, puis les prophètes et les missionnaires de l’Évangile, et aussi les pasteurs et ceux qui enseignent.

François Brossier

 

Evangile : Mc 16,15-20

En ce temps-là, Jésus ressuscité se manifesta aux onze Apôtres et leur dit : « Allez dans le monde entier. Proclamez l’Évangile à toute la création. Celui qui croira et sera baptisé sera sauvé ; celui qui refusera de croire sera condamné. Voici les signes qui accompagneront ceux qui deviendront croyants : en mon nom, ils expulseront les démons ; ils parleront en langues nouvelles ; ils prendront des serpents dans leurs mains et, s’ils boivent un poison mortel, il ne leur fera pas de mal ; ils imposeront les mains aux malades, et les malades s’en trouveront bien. » Le Seigneur Jésus, après leur avoir parlé, fut enlevé au ciel et s’assit à la droite de Dieu. Quant à eux, ils s’en allèrent proclamer partout l’Évangile. Le Seigneur travaillait avec eux et confirmait la Parole par les signes qui l’accompagnaient.

Commentaire :

Cette finale n’est pas de l’auteur du 2ème évangile. Elle a été ajoutée au début du 2ème siècle à partir des autres évangiles synoptiques et des Actes des apôtres pour pallier à l’absence de récits d’apparitions pascales dans l’évangile de Marc.

L’envoi en mission dans le monde entier est repris à la finale de Mt 28,16-20 ainsi que la mention du baptême qui est signe du salut en Jésus Christ.

Les signes qui accompagnent les croyants font allusion aux miracles racontés dans les Actes des apôtres : expulsion des démons (Ac 16,16-18), parler en langues (Ac 2,1-11), manipuler des serpents sans danger (Ac 18,3-6), guérir des malades (Ac 3,1-10 ; 9,31-35 ; 14,8-10 ; 28,8-9). Tous ces signes s’accompliront au nom de Jésus, c’est-à-dire sous son autorité.

Le récit de l’Ascension est repris d’Ac 1,9-11. L’expression « enlevé au ciel » et « assis à la droite de Dieu » indique bien le sens profond de l’ascension : non pas une simple disparition dans les nuages mais l’intronisation de Jésus ressuscité avec tous les pouvoirs divins. Ceci rappelle que la résurrection n’est pas un retour en arrière mais la glorification de celui qui a donné sa vie pour l’humanité.

François Brossier